En quatre chapitres qui illustrent les mirages engendrés par les certitudes, Sophie Loubière nous entraîne dans le mental d’une vieille dame peu ordinaire et réussit insidieusement à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Un roman troublant et captivant à glisser dans ses valises de vacances.
Dès les premières pages, Sophie Loubière nous met en condition de méfiance par une série de brefs chapitres, poèmes, lettres qui posent la personnalité d’Elsa et brouillent consciencieusement les pistes. Qui est réellement cette femme qui aimait jouer à mourir dans les bras trop serrés de son cousin, qui s’est battue contre raison pour garder son père en vie ou qui écrit des lettres qui sonnent comme des menaces ? Et pourquoi ne peut-elle plus revoir son petit-fils ? En bonne routière du polar, Sophie Loubière joue habilement des ellipses et nous balade d’une supposition à l’autre. Elle sème des indices souvent contradictoires, laissant sans cesse le doute planer sur la santé mentale d’Elsa qui, entre une intelligence aiguë et une paranoïa récurrente, semble à la fois inoffensive et dangereuse. Jean-Bernard Pouy, dans la préface, compare l’auteur à " un Bloody Mary où l’hémoglobine se conjugue parfaitement avec le jus de tomate ". Difficile de mieux décrire l’oppression sirupeuse qui se dégage de ce roman impossible à lâcher.
Cet article est paru le 7 juillet dans l’hebdomadaire La Semaine n° 328. Pour lire le journal dès sa parution, abonnez-vous !