

Une maîtrise de soi-même et des sujets à aborder
Ce qu’elle entreprend repose sur deux piliers : le suivi des patients et ses responsabilités syndicales. Des bases inébranlables qui expliquent pourquoi elle aime son métier et l’hôpital. D’un côté, il y a la relation de confiance qui doit s’établir entre les soignants et les malades ; de l’autre le fonctionnement de l’établissement et la reconnaissance due aux soignants qui ont tenu et tiennent toujours sous l’onde de choc de la pandémie. Il faut ajouter à sa charge représentative la confrontation des idées et des points de vue et le débat, qui n’implique pas d’aller nécessairement à l’affrontement frontal. Une pratique du militantisme qui exige un tempérament ni mou ni trop explosif, une maîtrise de soi-même et des sujets à aborder lors de négociations souvent difficiles, où tout l’art consiste à grignoter une part de terrain de l’autre. Dans son parcours syndical, Alex Gorge – personnalité résolue et respectée, à la fois intransigeante et lucide sur la densité des combats à mener dans un établissement auquel les autorités de tutelle ont déjà imposé beaucoup de sacrifices – lui a ouvert la porte d’entrée, donné l’envie et la fierté de porter les couleurs de la CFDT ! C’est un point d’ancrage qui lui appris qu’éthique, sens de la représentativité et efficacité étaient les déterminants de l’action à mener. « Dès que je me suis impliquée dans la section du CHRU, on s’est reconnu autour de valeurs qui faisaient écho chez l’un et chez l’autre. J’ai tout appris à ses côtés. Je me suis aguerrie auprès de lui. Il faut avoir des convictions fortes, réfléchir, être déterminée, constante dans son engagement, ne jamais abdiquer et savoir aussi se montrer et placer le dialogue social en mode constructif. C’est le vrai passage de relais. Stéphane Maire, qui a toujours dit qu’il n’assurerait qu’un interim, s’est retiré. J’ai été élue le 14 janvier et j’avais tenu à ce qu’Alex Gorge soit présent. » Elle a pris la tête de la section mais elle ne débarque pas en terre inconnue. Les coups de vent des coupes dans les effectifs et des réorganisations qui vous secouent un instant et agissent ensuite comme des stimulants, elle connaît. Pour apprendre à les affronter, elle n’a pas eu besoin d’un manuel de stratégie, elle a fait ses armes sur le terrain. « Je n’ai pas débarqué du jour au lendemain. Mes preuves je les ai faites en prenant petit à petit des responsabilités. Alex Gorge me laissait beaucoup d’autonomie. » Pas si simple lorsqu’on est une femme, si ? « Je n’ai pas l’impression d’avoir affaire à un monde de machos », commente sobrement la nouvelle secrétaire de section, dont l’ambition est plus collective que personnelle. Tranquillement, elle explique que renoncement, résignation et fatalisme ne font pas partie de son vocabulaire. C’est sa manière d’expliquer, sans en rajouter, sur quel registre elle place son mandat. Dans un monde mouvant, instable, déstabilisé par le virus, Ophélie Opfermann ne se perd pas en considérations subalternes. Elle s’attache à décrire comment elle perçoit les rapports humains qui sont la clé de sa vocation d’infirmière et de la manière de concevoir ses tâches syndicales. CQFDT !