
Non, le festival qui arrive ne ressemblera à aucun autre. Sacrifiant son chapiteau pour des raisons évidentes de distanciation, il plantera son décor dans les jardins de l’Esplanade, tout à côté. Les dédicaces n’auront pas la même saveur, on ne se bousculera plus pareil pour arracher la signature de telle ou telle pointure. L’inscription sera requise pour assister à une rencontre avec tel ou tel grand nom. Tout sera différent. Mais ça se fera. Ça va se faire. Loin du format numérique qu’avait proposé l’organisation, l’automne dernier, à titre de consolation. Car Claire de Guillebon le suppose : nos vies derrière les écrans ne peuvent durer qu’un temps, elles ne sauraient constituer une solution. Se réinventer ? « Je ne vois pas ce que cela veut dire ; dans ce que l’on propose, chaque année on se réinvente. »On vous dévoile enfin notre quatuor d’invités d’honneur la journaliste Florence Aubenas, le romancier Mathias Enard, l’auteur-illustrateur jeunesse Geoffroy de Pennart et l’auteur BD Fabien Toulmé. Hâte hâte hâte ! #festival #lelivreametz [18>20 juin 2021] pic.twitter.com/jJJIR7DDxh
— LE LIVRE A METZ (@lelivreametz) March 31, 2021
« Couteau suisse »
Il y a une envie d’y être, une envie de « physique », de vrai, d’authentique. De rapprochements. Qu’est-ce qu’un livre permet mieux que ça ? La programmatrice du festival déroule le film des mois écoulés. « Des montagnes russes », résume-t-elle. Sans verser dans le pathos. Un temps, Le Livre à Metz a tremblé sur ses fondations. Mais les subventions publiques ont été maintenues, « et contrairement au spectacle vivant et à la musique, nous ne sommes pas tributaires de la billetterie ». Bref, « nous souffrons moins que d’autres ». Et puis, des solidarités sont apparues. Chacun s’est mis à écrire une histoire où on se serre les coudes. Par exemple, « les auteurs qui devaient intervenir durant l’édition 2020 ont tous été payés malgré l’annulation ». Pas rien quand on sait à quelle sauce sont mangés les forçats du clavier. D’autres mains ont été tendues. Entre acteurs de l’événementiel culturel, on s’est rapproché, on a échangé ses expériences. Le Festival international de géographie, à Saint-Dié, a même poussé les murs pour faire une place aux copains de Metz. Qui lui rendront la pareille en juin. « Des coopérations et des partenariats qui survivront à la crise », devine Claire de Guillebon.
Elle a 45 ans, planche sur ce qui sera la cinquième édition sous sa responsabilité. Jamais comme en 2021 elle n’a été autant sollicitée par les éditeurs, les écrivains, tous avides de combler des manques. Celle qui se définit comme un « couteau suisse » se découvre par obligation une nouvelle fonctionnalité : elle apprend à dire non, elle qui ne sait pas dire non. Au gré des confinements, elle s’est débloqué davantage de temps pour lire et se tourner vers des textes sans lien avec ses nécessités professionnelles. Tout de même, elle a fait l’impasse sur certains évoquant « l’enfermement, la pandémie ». « Je ne pouvais pas. » Besoin d’air. De respirer. D’allumer une clope, d’ouvrir une bière et d’écouter, installée au soleil, le public du Livre à Metz dire ce qu’il en a pensé. Comme avant. Comme il y a deux ans. « C’était bien », ouais. Et ça le sera encore.