Metz : la grande roue tourne à nouveau

Absente des marchés de Noël en 2020, la grande roue est de retour. Plus petite en dimension, mais plus grande en apparence. Et oui, c’est possible ! Voici l’histoire un peu particulière du millésime 2021 et de ceux  qui l’ont précédé. Paraît qu’elle est plus petite que celle d’avant. « Ça se joue à quelques centimètres et ça ne se voit pas. Les nacelles sont à l’intérieur. Du coup, elle semble même plus grande », précise Tony Coppier, forain déterminé qui s’est démené pour la voir installée. Elle mesure donc 55 mètres et c’est vrai que vue d’en bas, franchement, elle va bien haut. Si Thomas Pesquet avait pris sa photo de Metz quelques semaines plus tard, on l’aurait sûrement aperçue. Cette grande dame est donc de retour pour servir de guide jusqu’à Noël. L’histoire raconte que, cette année encore, il s’en est fallu de peu pour que Metz soit privée de son totem. Quelques semaines avant que la ville ne bascule dans Noël, Richard Krolzig, le propriétaire allemand qui gérait la grande roue depuis son arrivée sur la place d’Armes en 2015, a informé la municipalité que son manège serait cette année à Stuttgart. Comme l’année dernière, Metz a bien failli passer à côté de sa grande roue. Inimaginable. Un appel d’offres a donc été lancé auquel a répondu Tony Coppier. Lui, son truc, c’est plutôt les manèges d’enfants. Mais depuis une quinzaine d’années, il rêve que la roue tourne. Quand il a vu que Metz en était privée, il s’est mis en quête d’un spécimen. Pas une mince affaire. Il se trouve qu’après les confinements divers et variés, les grandes roues sont des denrées rares.

Critères particuliers

Toutes sont déjà prises d’autant plus que celle que souhaite Metz doit remplir des critères particuliers : s’élever à plus de 50 mètres, posséder des nacelles fermées et un accès handicapé. Tony Coppier finit par trouver sa perle rare en Pologne. Oubliée. Un peu comme si elle l’attendait. Le forain se met d’accord avec le propriétaire et se lance donc dans un sacré challenge : dans moins d’un mois, la roue doit être à Metz, montée et prête à fonctionner. Les grandes manœuvres commencent. 21 camions acheminent l’engin jusqu’à bon port. Pendant quelques jours, les résidents de Bliiida ont eu la grande roue pour voisine. Elle était stockée en kit. À l’horizontale, sa dimension est encore plus impressionnante et la prouesse que requiert son élévation relève presque de la magie.

Quelques chose qui ait de la gueule

Ce samedi 20 novembre, Tony Coppier n’est pas peu fier de la regarder tourner. Elle est là, lumineuse, rayonnante, active. Il a réussi. « Les gens sont heureux, ils apprécient le jeu de lumières. Quand on se pose à côté d’un monument classé comme la cathédrale, il faut quelque chose qui ait de la gueule. Je crois que c’est le cas. Il faut que les gens soient épatés à Noël », estime Tony Coppier. Reste juste un petit détail à peaufiner : l’aménagement des cabines VIP qui permettront de s’offrir plusieurs tours avec des petits fours et une coupe de champagne à la main. Colorée en noir, ces cabines proposeront un tour d’une trentaine de minutes contre huit normalement. La couverture rouge en polaire n’est, par contre, pas le privilège des VIP. Toutes les cabines en sont équipées.

# ‍♀️ La Place d’Armes se dévoile avec sa Grande Roue et son marché de Noël. Rendez-vous ce soir à Place de la République pour l’illumination du Grand Sapin de Noël à 18h30 ! #Metz #VilledeMetz Photo : alb.a_photography pic.twitter.com/36cJKTD1s0

— Ville de Metz (@MairiedeMetz) November 20, 2021

Avec la grande roue, la fête sera entière. Suffit de voir le monde qui s’agglutine autour pour s’apercevoir qu’il ne s’agit pas d’une légende de Noël. La grande roue possède un vrai pouvoir. Elle hypnotise, elle fascine. Un peu comme la neige. Souvent, il y a presque plus de monde à ses pieds qu’à son bord. Pourtant, à l’intérieur, c’est plutôt pas mal. De jour comme de nuit, avec une atmosphère totalement différente. Le jour, c’est l’horizon que l’on voit, la beauté de la ville dans son ensemble. La nuit, les lumières scintillent et Noël est presque là. Pendant quelques semaines, un deuxième phare s’ajoute à la cathédrale. On aperçoit sa voisine tournante depuis l’autoroute avec cette impression d’être à la maison. Bref, la grande roue à Metz c’est quand même une chouette idée que l’on doit à l’ancienne municipalité qui a donc laissé quelques trucs dans les cartons. Metz avait déjà eu une grande roue mais c’était à une autre saison, durant la Foire de mai, sur la place de la République. C’est d’ailleurs ce lieu qu’avait choisi l’équipe de Dominique Gros pour domicilier sa grande roue à Noël 2010. La place de la République, refaite à neuf, venait d’être inaugurée. Jean-Marie Rausch avait impulsé la volonté, son successeur l’avait réalisée.

Coup marketing

Quatre ans plus tard, le maire décide de faire voyager la grande roue place d’Armes, juste à côté de la cathédrale. Sur la place de la République, c’est l’embouteillage avec la patinoire et la Féerie des glaces. Avec la grande roue, ça ferait un peu trop. Va pour la place d’Armes donc. Ce qui ne va pas forcément de soi. La cohabitation des vitraux de Chagall et des lumières modernes, clinquantes diront certains, pique encore les yeux des puristes. Mais finalement, le mariage improbable débouche sur un joli coup marketing. À l’heure où tout se résume au mot attractivité, ce cliché-là qui allie cathédrale et grande roue porte loin. Tony Coppier, lui, va rester à Metz toute la durée des festivités de Noël. Originaire du Nord mais en provenance du Sud où il s’est installé depuis 50 ans, le voilà à l’Est avec sa grande roue. Apparemment, elle avait manqué.