Meurthe-et-Moselle : les « tiny houses », un nouveau marché dans l’air du temps

Depuis sa création en 2019, l’entreprise d’Antoine Thiriet et de Romain Cremey ne connaît pas la crise. Avec l’augmentation des prix de l’énergie, ses « maisons minuscules » clé en main ont le vent en poupe ! Ils sont cousins germains et ont une passion commune : les micro-architectures en bois. Antoine Thiriet, 36 ans, chargé d’affaires, a rejoint en 2021 la société lorraine de construction d’habitat léger sur mesure imaginée en 2019 par Romain Cremey et implantée dans la commune de Crévic, près de Lunéville. Les deux associés ont réhabilité une ancienne ferme familiale de 1693 pour y installer d’une part leur bureau et d’autre part leur atelier de production d’une superficie de près de 200 m2. Depuis la crise énergétique, les deux dirigeants de Tiny House l’Essentiel, militants d’un habitat sain et peu énergivore, se frottent les mains et y voient surtout une belle opportunité commerciale. « Nos tiny houses sont construites dans une perspective écologique, avec une consommation d’énergie faible, des matériaux et des usages respectueux de l’environnement. Ces maisons sont à la pointe de l’écologie », avance Romain Cremey, charpentier depuis 20 ans. Et les petites maisons en bois résineux (sapin, douglas, mélèze) séduisent les clients. « Les dépenses de chauffage sont réduites pour plusieurs raisons. Tout d’abord, à cause du peu d’espace à chauffer. Les micro-maisons ont une dimension au maximum d’une vingtaine de mètres carrés. Ensuite, elles sont particulièrement bien isolées, ce qui est la base de la performance énergétique », souligne, de son côté, Antoine Thiriet.

Depuis la création de l’entreprise, les deux dirigeants ont réalisé près d’une dizaine de tiny houses pour des particuliers ou encore des structures. En 2022, ils ont d’ailleurs fabriqué, pour la Compagnie des bateaux de Metz, une petite habitation installée au bord de l’eau, près du centre-ville, afin d’accueillir la billetterie pour les balades sur la Moselle, au départ de Longeville-lès-Metz. Dans les carnets de commandes pour ce début d’année : des projets pour des salariés en télétravail en quête de nature. « La crise sanitaire a changé nos modes de vie », surenchérit Romain Cremey. Le maximalisme a donc laissé place au minimalisme. « Ces petits logements offrent le même niveau de confort qu’une maison contemporaine dans un petit espace et dans un esprit bohème. Ce mode de vie alternatif, insolite pour certains, est unique par le sentiment de liberté qu’il offre », confirme-t-il. L’écologie, la liberté de mouvement, les économies d’énergie… autant d’arguments avancés par les dirigeants pour expliquer le marché croissant de ce type d’habitation. Elles ont leur fan-club depuis les différents confinements.

Un défi technique et un prix qui flambe…

Elles sont petites, mais ne vous détrompez pas, elles représentent une véritable prouesse technique. Pour pouvoir être déplacée sur une remorque avec un simple permis BE, la petite maison ne doit pas peser plus de 3,5 tonnes, ni mesurer plus de 2,55 m de largeur pour 4,10 m de hauteur. Un véritable casse-tête pour Romain Cremey, auquel il a dû s’adapter. « Vous pouvez convoyer votre petite maison avec un véhicule assez puissant et lourd, dont le poids total roulant autorisé (poids du véhicule + poids de la remorque chargée, ndlr) noté sur la carte grise est supérieur à 5,5 tonnes. » Un casse-tête aussi côté prix, depuis l’inflation principalement : « Le prix d’un châssis de remorque a presque doublé. Nous avons dû répercuter cette hausse sur le produit », peste Romain Cremey. Pour acquérir une petite maison entièrement aménagée (salle de douche, cuisine, chambre), il faudra débourser entre 50 000 et 80 000 euros, le prix variant selon la qualité des prestations fournies. Entre 2019 et 2023, le montant de l’achat de ces maisons minuscules a pris près de 20 % d’augmentation. « Nous avons dû revoir aussi à la hausse nos tarifs suite à la récente flambée des matières premières », lance Romain Cremey. En pleine croissance, ce facteur, comme pour beaucoup d’artisans, n’est pas une bonne nouvelle pour la vie économique de l’entreprise. Enfin, une fois commandée, la tiny house sera réalisée dans les ateliers à Crévic, en 1 000 heures. Juste le temps de trouver un terrain pour l’installer !