
Puisque « les caisses sont vides », François Grosdidier ne souhaite engager aucun projet « pharaonique » à Metz. Il n’empêche, des chantiers sont en cours ou sur le point de démarrer. Et pas des moindres. À terme, ils transformeront le visage de la ville. Regardons-y de plus près…D’une esthétique suspecte, le secteur Coislin ambitionne d’exprimer enfin son potentiel. Premier chantier : la démolition du bâtiment de tête de Sainte-Blandine lors du second semestre. Un gros dossier dans l’hypercentre.
Adossé un vendredi en fin d’après-midi à la porte d’entrée de son établissement, à quelque chose comme deux heures du service à venir, le restaurateur s’étonne : « Ah bon, ça ils vont le détruire ? » Avant de s’inquiéter : « Et les emplacements de parking ? Ils restent ? » Oui Monsieur, les quelque 400 places de stationnement – payantes – sont appelées à demeurer, personne ne prévoit d’y toucher. Tout de béton vêtue, la première barre de l’hôpital Sainte-Blandine, en revanche, va quant à elle bel et bien tirer sa révérence. Bon débarras ? Le professionnel, qui à l’évidence apprend tout de l’existence du projet de requalification du secteur Coislin, remue distraitement les épaules, en mode « wait and see ». L’attente se prolonge il est vrai. La municipalité, qui s’était exprimée sur le sujet pour la première fois en 2020, aurait préféré appuyer sur le champignon mais elle n’a pas les pognes complètement libres dans cette histoire. Le calendrier de démantèlement du lourd paquebot grisâtre vieux de 1974 n’est pas de son ressort. En sa qualité de financeur principal de l’opération (à hauteur de 80 %), c’est l’Établissement public foncier (EPF) qui dicte ses disponibilités. Rendez-vous est donc pris pour le second semestre 2023, sans davantage de précisions à ce stade. Ce sera en tout cas le signal qui donnera le coup d’envoi concret de cet ambitieux chantier du centre-ville. Le maire lui-même qualifie volontiers de « verrue » ce quartier hérissé de marron-gris que l’on contourne pour ne pas avoir à le subir, et qu’il rêve d’effacer d’un coup de gomme pour mieux l’agencer à sa main.
De l’air
L’élu l’avait déclaré en conseil municipal à l’occasion de la fermeture de l’hôpital Sainte-Blandine, il y a deux ans et demi : Coislin incarne à ses yeux « un immense espace stratégique ». C’est un point de jonction entre l’hypercentre via les places Saint-Louis ou du Quarteau et le quartier outre-Seille, lui aussi voué à effectuer sa mue (lire ci-contre). Quand on veut réenchanter, on ne s’interdit pas de réinventer. François Grosdidier a donc repris l’épais dossier là où son prédécesseur s’était arrêté et il s’est peu gêné pour l’annoter de ses propres idées. La disparition programmée du plus contemporain des neuf bâtiments composant l’hôpital né en 1886, c’est par exemple son geste. Et ce afin de rendre à la vue du plus grand nombre le spectacle des jardins et cours aujourd’hui masqué par l’imposante muraille de ciment. De l’air ! Un programme immobilier est également engagé.

Une toile qui s’étend
