
Premier déclenchement
Avec qui plus est un premier déclenchement réussi. Pour rappel, le boîtier Géocoeur s’installe sur un défibrillateur. En cas de malaise cardiaque dans un périmètre proche, les services de secours l’actionnent et l’alerte se déclenche : « Arrêt cardiaque à proximité, nous avons besoin de vous, flashez le QR Code », indique la voix française du docteur Derek Shepherd que les amateurs de la série Grey’s Anatomy connaissent bien. Dès lors, la personne doit se rendre à l’adresse indiquée avec le défibrillateur pour essayer de porter secours à la victime en attendant l’arrivée des pompiers ou du Samu. Une expérience vécue récemment par l’une des employés de la communauté d’agglomération du Val de Fensch qui a conforté l’intérêt du dispositif. « Il s’est déclenché pendant la pause déjeuner et une salariée restée à son bureau a entendu le son du Géocoeur depuis l’étage. Elle est descendue voir ce qu’il se passait et a compris rapidement qu’un arrêt cardiaque avait lieu à proximité. Elle a flashé le QR code, et a été avec un autre collègue sur les lieux de l’arrêt cardiaque. Il était en limite de la zone de déclenchement (actuellement programmé à 1km) et elle est finalement arrivée en même temps que les secours », raconte Frédéric Leybold, savourant cette première victoire. Cette intervention prouve deux choses essentielles : « En cas de déclenchement, notre système fonctionne parfaitement et une personne qui n’a jamais entendu parler de Géocœur comprend rapidement le concept et va flasher le QR code. »
Au JO de Paris ?
Malgré son statut d’entrepreneur, Frédéric Leybold ne se focalise pas sur le développement des ventes. « Mon objectif n’est pas d’en vendre 50 dans la même zone, ça n’a pas d’intérêt. L’infirmier passe avant l’entrepreneur », glisse-t-il. Dès lors, il insiste sur le fait qu’il faut vendre de manière cohérente et mailler tout un territoire afin de permettre de sauver un maximum de vies, notant que souvent plusieurs défibrillateurs sont disponibles sur un même lieu (au sein des bâtiments publics notamment), quand dans certains quartiers, on n’en trouve aucun. Or « 88 % des arrêts cardiaques ont lieu à domicile, ce qui réduit déjà à moins de 10 % les chances de se voir apporter un défibrillateur, et encore moins s’il n’y en pas sur le secteur. » Pourtant, il y en a. La France n’a pas à rougir sur ce point, elle dispose de 400 000 défibrillateurs. « Un marché énorme économiquement puisque l’entretien revient à environ 40 millions d’euros pour une utilisation quasi nulle. » Preuve que le problème ne réside pas dans le manque d’équipement mais dans l’information et la sensibilisation quasi inexistante dans ce domaine. Le sujet semble tabou du côté du gouvernement, où l’on se renvoie la patate chaude d’un ministère à l’autre (lire encadré). Frédéric Leybold cible les collectivités et les entreprises. Les Géocoeur coûtent 650 euros HT pour un coût de fabrication estimé à 350 euros HT. « La marge est basse pour un objet innovant. D’habitude, il faut compter entre deux à trois fois plus », rapporte-t-il. Dans son développement, il peut s’appuyer sur un soutien de poids : les sapeurs pompiers de Paris. « Nous travaillons avec le Pôle médical et le Pôle innovation des sapeurs-pompiers de Paris qui élaborent des statistiques. Avec Géocoeur, ils estiment un gain de trois minutes sur la prise en charge ce qui permettrait de sauver 400 vies par an à Paris. » Un produit qui intéresse aussi la municipalité parisienne, à un an des Jeux olympiques de 2024. L’innovation mosellane sera-t-elle sur la ligne de départ ? Affaire à suivre. En attendant, la Coupe du monde de rugby programmée pour septembre pourrait faire office de premier test.