
Quelles sont vos spécialités ?
Elie Guckert :« Je suis journaliste indépendant et je m’intéresse aux questions de désinformation et de complotisme, et en particulier à la désinformation russe dans le cadre des conflits en Syrie et en Ukraine. »
Quel est le propos de votre livre ?
« Avec ce livre j’ai voulu refaire le film de ces dix dernières années. De l’attaque chimique de la Ghouta en Syrie en 2013 jusqu’à aujourd’hui et l’invasion de l’Ukraine, pour montrer comment la propagande russe nous a empêchés de regarder en face la menace que le Kremlin faisait peser pour la paix en Europe, jusqu’à la catastrophe du 24 février 2022. L’idée, en reprenant cette séquence, c’était aussi de faire un tableau de la vie politique et médiatique française. Quand on la reprend en regardant d’où est venue la propagande russe, par qui elle est arrivée en France, et à travers quels leaders politiques elle est ressortie, il me semble que cela donne un éclairage sur l’état actuel de notre démocratie, qui à mon sens n’a cessé de se dégrader depuis cette année fatidique 2013. Cela permet aussi de montrer que l’invasion de l’Ukraine n’a été une surprise que pour ceux qui, pour diverses raisons plus ou moins avouables, ne voulaient simplement pas regarder les choses en face. »
D’où vous est venue l’idée ?
« J’ai commencé à m’intéresser à la propagande russe lors de la chute d’Alep en 2016. Cette année-là a aussi été celle du Brexit et de l’élection de Trump, deux tournants antidémocratiques dans lesquels le rôle de la Russie est connu. Peu avant l’invasion de l’Ukraine, j’avais commencé à travailler sur un projet de livre consacré aux théories du complot relatives au conflit syrien, pour la plupart émanant de la propagande russe. Lorsque les chars russes se sont lancés à l’assaut de Kiev, on a tout de suite vu que la Russie employait les mêmes méthodes que celles que l’on avait pu observer en Syrie. Faire un récit sur la propagande russe en France au sujet à la fois de la Syrie et de l’Ukraine m’a donc paru être une évidence pour permettre d’expliquer comment on a pu en arriver là. »