
Qui est le nouveau directeur ?
L’identité du nouveau directeur, qui était sur site mardi 9 janvier, est déjà connue. Il s’agit de Sylvain Chatain, qui est par ailleurs directeur du parc Walygator Sud Ouest. « Nouvelle organisation, nouveaux projets, nouvelle synergie entre les deux parcs, de beaux projets se dessinent ! C’est parti », s’est déjà exprimé le diplômé de l’école supérieure de commerce de Chambéry via les réseaux sociaux. C’est également sur les réseaux que certains observateurs ont manifesté des inquiétudes quant à la capacité d’un dirigeant à pouvoir gérer deux parcs de loisirs en même temps. D’autant qu’ils se situent d’un bout à l’autre de la France. Une partie du public attend aussi que de nouvelles attractions viennent compléter les 40 déjà existantes ainsi que les points de restauration qui génèrent 25 % de l’activité économique du parc. « Les prix d’achat des attractions oscillent entre 400 000 et 30 millions d’euros pour en faire l’acquisition. Ensuite il faut ajouter les coûts des études pour voir comment le parc peut intégrer l’attraction, la décoration pour l’habiller, la maintenance. C’est très complexe », dévoilait Laurent Muller pour La Semaine en juillet dernier.
Le parc et ses (grands) frissons
Ce nouveau changement à la direction du parc (le propriétaire reste Aspro-Ocio) rappelle encore combien la gestion de cet équipement est éprouvante à tout point de vue. En 1985, pour tirer un trait sur les laminoirs d’Hagondange, la Lorraine voit gros. Cette année-là, l’idée de créer l’un des plus grands parcs de loisirs de France (avec le parc Astérix) émerge. Certains médias se montrent dithyrambiques, parlent d’un « Disneyland à l’américaine ». Dans le même temps, les pouvoirs publics, les banques et les grands groupes mettent le paquet : un milliard de francs provenant notamment de l’État, du conseil régional de la Lorraine alors présidé par Jean-Marie Rausch (lire notre dossier spécial sur sa vie en pages 9 à 20) et autres collectivités sont débloqués pour que sorte de terre le parc qui doit employer 1 000 salariés. L’ambition ? Accueillir 2 millions de visiteurs par an. « Des chiffres grotesques. On a visé ce qu’on voulait voir et non ce qui était réaliste », rappelle Éric Lucas, actuel adjoint au maire de Metz qui a eu un rôle prépondérant dans la vie du parc. Big Bang Schtroumpf, exploité par la société Sorepark et dirigé par Pierre Jullien (ex-directeur adjoint de Sacilor) est finalement inauguré le 9 mai 1989 par Laurent Fabius et Jacques Delors. Pour sa première année d’exploitation, le parc enregistre bien moins d’un million d’entrées et accumule les pertes. Ce n’est qu’un début. « Pendant des années, le parc vivra sous perfusion, avec des « stop and go » », indique Éric Lucas. L’équipement peine à trouver son identité et les changements de noms : Walibi Schtroumpf (1991), Walibi Lorraine (2003), Walygator Parc (2007)… et d’équipes de direction n’y font rien. À partir de 2006, deux forains, les frères Le Douarin, récupèrent la gestion du site. Ils atteignent une fréquentation de 400 000 visiteurs dès 2008. « Pour la première fois, des professionnels qui connaissent le métier arrivent à la barre. Ils dépoussièrent le parc, le sorte de l’ornière et lui donne un second souffle. Si le parc n’est pas mort, il faut leur rendre honneur. Le souci, c’est leur gestion un peu hasardeuse », confie encore Éric Lucas. En 2012, le parc se retrouve en situation de liquidation judiciaire avec un passif de 13 millions d’euros. L’assureur Éric Lucas, avec les investisseurs Jacqueline Lejeune et Franck Beglin, reprend le parc à la barre du tribunal. « Pour retrouver un rythme de croisière, on apporte notre rigueur et on applique les recettes qui fonctionnaient avec les Le Douarin. Je sors rapidement du projet tout en restant aux côtés de Jacqueline Lejeune. Puis arrive le moment où les infrastructures deviennent vieillissantes, avec des consommateurs qui attendent plus d’émotion. Le parc est donc cédé au groupe Aspro-Ocio en 2016. Il fallait un vrai spécialiste du secteur pour ne pas que le parc meure. Un acteur capable de réhabiliter les actifs historiques. » À ce jour, le groupe espagnol est toujours aux manettes du parc et s’est lancé dans un programme d’investissement.