La maison du réemploi de Nancy : un chantier qui a tout compris

Suite de notre dossier sur la RSE. Implantée sur le plateau du Haut-du-Lièvre, la maison du réemploi redonne vie aux déchets du bâtiment. Une initiative portée par l’Office Métropolitain de l’Habitat du Grand Nancy, à l’origine de l’appel à projets, qui réutilise une partie des équipements issus de ses chantiers, avec une dimension de réinsertion par l’activité économique. C’est ce que l’on appelle un cercle vertueux. En mars 2023, un magasin pas tout à fait comme les autres a été inauguré sur le plateau du Haut-du-Lièvre. Installée dans un local vacant de l’ancien centre commercial Les tamaris, la maison du réemploi propose à la vente lavabos, WC, robinetterie, radiateurs en fonte, spots lumineux, prises électriques, sanitaires de seconde main remis à neuf. Tous ces éléments sont issus du chantier de rénovation de l’ensemble immobilier le Cèdre Bleu et Tilleul Argenté dont l’Office Métropolitain de l’Habitat du Grand Nancy (OMh) en est le maître d’œuvre. « Nous avons fait le choix de la rénovation plutôt que de la reconstruction », explique Mathieu Collot, responsable de programme au sein de l’OMh. Alors pour aller jusqu’au bout de la démarche, le bailleur social a souhaité réutiliser les équipements récupérés lors de la phase de déconstruction. « C’est une démarche qui fédère tout le monde autour de la table, qui a du sens. Aujourd’hui on nous parle beaucoup de responsabilité sociétale des entreprises, là on est en plein dedans. » C’est d’ailleurs l’OMh qui a lancé, en 2019, un appel à projets pour le réemploi des matériaux récupérés dans ses anciens appartements, avec une dimension d’insertion par l’activité économique. Appel à projets remporté par l’association Réciprocité, qui gère la Maison du réemploi où 25 personnes travaillent en contrat d’insertion. « Il y a une vraie fierté de voir ces personnes travailler. Certaines sont locataires chez nous ou l’ont été. L’avantage c’est qu’il ne s’agit pas de tâches techniques ou trop compliquées, tout le monde peut le faire. Et puis, les personnes en contrat de réinsertion sont sur le chantier, avec nous. Elles font partie d’une équipe », poursuit Mathieu Collot.

Héritage

Au total, pendant ce chantier qui dure cinq ans, vont être récupérés : 800 WC et autant de lavabos, 500 fenêtres, 1 500 robinets, 4 kilomètres de garde-corps… Ce qui n’est pas réutilisé est vendu à prix réduit à la Maison du réemploi. Ouverte tous les jours, du lundi au vendredi, elle est accessible aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises. L’OMh en finance partiellement le fonctionnement (dépose et remise en état du matériel). Plus de 700 nouveaux logements seront équipés avec ces matériaux de seconde main. « Au départ on s’est demandé comment on allait mettre en œuvre cette idée. On trouvait ça dommage de devoir envoyer le matériel ailleurs pour qu’il soit rénové et le ramener sur le chantier. Ça n’aurait pas de sens écologiquement parlant. » C’est comme ça que s’est créé ce lieu insolite, place du Père Brandicourt, dans les locaux prêtés par la Métropole. « Ce projet a un triple intérêt environnemental, économique et social. Environnemental par sa dimension de réemploi, économique car il crée de l’activité sur le territoire et sociétal car il permet à des personnes éloignées de l’emploi de retrouver le chemin d’une activité professionnelle. » Mathieu Collot espère ainsi que la Maison du réemploi sera pérennisée et continuera d’exister, même une fois le chantier terminé. « Ce serait notre modeste héritage. »