François Hollande à Bouzonville, un grand moment pour la commune de Moselle

Lundi 13 mai, l’ancien président de la République était de passage en Moselle. Lors de son déplacement, François Hollande a baptisé l’espace culturel de Bouzonville au nom de Jacques Toulat, maire de la ville de Chauvigny pendant la Seconde Guerre mondiale et Juste parmi les Nations. L’occasion de rappeler à tous que la lutte contre l’antisémitisme n’est pas terminée. Ce n’est pas tous les jours qu’on apprend qu’un ancien président va visiter sa commune. Le maire de Bouzonville, Armel Chabane, s’en souviendra longtemps. « Il y a des journées qui marquent un mandat », a-t-il avoué lors de la visite de François Hollande, lundi 13 mai. Après s’être entretenu avec des élus sarrois sur les questions transfrontalières et européennes et avoir visité l’école primaire de Colmen, l’ancien président de la République a été invité par le maire de Bouzonville pour participer au baptême de l’Espace Culturel. Ce dernier a pris le nom de Jacques Toulat, maire de Chauvigny, ville située près de Poitiers, et Juste parmi les Nations. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Jacques Toulat a permis à la communauté juive de Bouzonville, alors réfugiée dans la Vienne, d’échapper à une rafle en 1944. En tant que maire, il a pris la décision de détruire les registres municipaux contenant des informations sur les juifs de la ville. Les registres disparus, la communauté juive de Bouzonville a pu échapper à la rafle et survivre au génocide qui a coûté la vie à six millions de personnes. En reconnaissance de ses actes héroïques, Jacques Toulat a été distingué comme « Juste parmi les nations » par Yad Vashem, le mémorial de la Shoah en Israël, en 1993.

Un moment symbolique pour perpétuer la mémoire

Pour Armel Chabane, baptiser l’espace culturel du nom de Jacques Toulat est tout à fait symbolique. Le faire avec un ancien président qui n’est pas du même bord politique l’est aussi : « Ce moment est un magnifique symbole de paix et de fraternité. La venue de François Hollande revêt un caractère républicain fort qui transcende les affinités politiques personnelles. Il est important pour nous de nous élever au-delà de tous les clivages politiques pour lutter contre l’antisémitisme, surtout en ce moment. ». L’actualité, voilà ce qui est revenu dans les discours et dans les esprits des personnes présentes. L’empreinte de l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier y est encore vive. François Hollande l’a aussi rappelée. « Vous avez évoqué l’Histoire et l’Histoire revient, inlassablement, comme si ce qui avait été hélas commis il y a maintenant des décennies pouvait se reproduire », a-t-il déclaré. « Nous sommes dans une période où l’horreur n’est pas si loin. Nous savons ce qui se passe en Ukraine, nous savons ce qui se passe en Israël et en Palestine. Nous avons le devoir d’être conscient de ce qui peut se produire en termes d’intolérance ». Le devoir de mémoire. Peut-être la seule chose qui nous reste aujourd’hui pour perpétuer l’histoire et ne jamais oublier ce qui s’est passé pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la visite de Ginette Kolinka, rescapée du camp d’Auschwitz-Birkenau, au collège Adalbert de Bouzonville en octobre dernier, toute piqûre de rappel est bonne à prendre. « Nous savons ce qui s’est produit. Nous l’avons peut-être pour les plus jeunes oublié parce que le message finit par s’évanouir, alors votre cérémonie vient à juste raison mettre la lumière sur ce qui a été une douleur », a affirmé François Hollande. Pour l’ancien président, donner le nom de ce maire héroïque à un lieu de culture, qui était par ailleurs une ancienne synagogue, est d’autant plus capital pour se souvenir : « Je souhaite que ce lieu qui porte le nom de Jacques Toulat puisse être connu de tous. Je voudrais que chacun et chacune qui pénétrera dans ce lieu de culture sache bien qui il était ». Une occasion de faire de chacun des passeurs de mémoire et des acteurs de la lutte contre l’antisémitisme. « Il faut encore qu’il y ait des Justes. Le mieux, ce serait que tout citoyen soit Juste », a-t-il souligné. La plaque de l’Espace Culturel dévoilée en présence des enfants de Jacques Toulat, François Hollande a ensuite participé à un dépôt de gerbe devant le monument aux morts de la ville. Une minute de silence a été observée, suivie de la Marseillaise et du chant des partisans. Après un bain de foule, quelques photos et des dédicaces, l’ancien président a rejoint Metz pour une réunion citoyenne.