Meurthe-et-Moselle. Le maire de Tomblaine Hervé Féron contre la préfète Françoise Souliman : Don Camillo revisité ?

La réquisition de la caserne de Tomblaine par un arrêté préfectoral cette semaine remet sur le devant de la scène l’opposition entre le maire Hervé Féron et la préfète Françoise Souliman. Une question qui avait poussé dans un premier temps l’élu à présenter sa démission. Finalement toujours en place, il est plus que jamais décidé à ne pas se laisser dicter l’avenir de sa commune. Sitôt vidée, sitôt réquisitionnée. Quelques jours à peine après le départ des hommes du feu de la caserne de Tomblaine, cette dernière a été réquisitionnée par arrêté préfectoral. Faut-il y voir un symbole dans ce lieu qui a longtemps accueilli les bals de la fête nationale, c’est le 15 juillet, un lendemain de fête, que la nouvelle est tombée. Dans leur communiqué les services de l’État détaillent : « Cette réquisition [du 15 juillet 2024 au 31 mars 2025] intervient dans le cadre de la préparation de la période hivernale 2024-2025, pour l’installation d’une structure d’hébergement d’urgence qui permettra de renforcer les capacités d’accueil des publics les plus vulnérables sur le territoire de la métropole. » Portée à la connaissance du maire de Tomblaine, Hervé Féron, cette décision, annoncée la semaine précédente, a de nouveau fait réagir l’élu. Comme il a coutume de le faire, il s’indigne sur ses réseaux sociaux : « Elle annonce 60 migrants, elle avait dit 120. Elle dit qu’elle va les loger dans les bureaux et dans les salles de garde, comme si cela pouvait être considéré comme du logement digne ! […] Elle ne dit rien de l’état délabré de cette caserne. Elle ne parle pas de la mise en danger de ces personnes par la proximité immédiate du stade et des violences que l’on constate régulièrement avec les supporters des équipes visiteuses, qui sont parqués à cet endroit ! » Pour l’amateur de théâtre qu’est Hervé Féron, l’affrontement avec Françoise Souliman prend les contours d’un scénario de résistance, façon Don Camillo contre Peppone. Deux caractères bien trempés, persuadés chacun de faire au mieux pour aider les plus démunis. Quand Don Camillo en appelle au Christ sur sa croix, l’homme de gauche Féron en appelle à ses administrés, pétitions à l’appui. Il en tire un net avantage grâce à une faconde tranchante, même s’il se défend toutefois d’être impulsif : « Il n’y a pas de « coup de colère », il y a une colère raisonnée, provoquée, justifiée. Depuis le début de cette histoire, notre attitude est empreinte de responsabilité, de bon sens et d’humanité. » De son côté la préfète s’en tient à un communiqué explicatif, à la formule très polie : « Ces décisions sont motivées par un double intérêt général, celui d’accueillir dignement des populations fragiles tout en préservant la qualité de vie des habitants de Tomblaine. » Si dans la fiction, l’histoire évoque l’opposition bien connue entre la religion et le parti communiste, cette version revisitée de Don Camillo parle elle aussi d’un fossé qui se creuse : celui qui sépare les collectivités locales et l’État, l’intérêt des populations locales et l’impératif de solidarité à l’échelle d’une métropole. Pas sûr qu’un été suffise à le combler.