Nancy. Urbanisme : le Haut-du-Lièvre poursuit sa mutation

En pleine rénovation urbaine, le quartier du Haut-du-Lièvre qui avait perdu plusieurs services et commerces lors des violences urbaines de juin 2023, se redessine grâce à plusieurs projets d’envergure. Le point avec le maire de Nancy, Mathieu Klein. Un an après les émeutes qui ont frappé le pays, en juin 2023, le maire de Nancy a souhaité faire le point sur les grands projets en cours et à venir sur le Plateau de Haye. Plus communément appelé quartier du Haut-du-Lièvre par les Nancéiens, ce dernier avait en effet fait les frais des émeutiers, notamment la mairie qui avait été incendiée. Mairie, appartenant désormais au passé, qui doit laisser place à une maison des services publics. « Porte d’entrée » de ce point d’étape, c’est aussi l’occasion pour Mathieu Klein d’évoquer les autres grands chantiers qui sont en train – et vont – redessiner cette partie de la ville, qui poursuit sa mue depuis maintenant plusieurs années. D’abord le logement, l’un des enjeux majeurs. Si à l’origine le Haut-du-Lièvre était entièrement (ou presque) constitué de logements sociaux, l’objectif est clairement affiché : favoriser la mixité. Une problématique dont le maire de Nancy et président de la Métropole a fait l’une des priorités de son mandat. Alors que les deux barres emblématiques Cèdre Bleu et Tilleul Argenté poursuivent leur transformation, les premiers locataires ont déjà pris possession des lieux. Concernant le Cèdre Bleu, désormais divisé en trois blocs, la première travée est entièrement louée depuis un peu plus d’un mois. Les locataires y sont installés dans des appartements « complètement métamorphosés » en comparaison de ce qu’était l’offre antérieure. Luminosité traversante, balcons avec vue imprenable sur la ville… Les arguments ne manquent pas et semblent fonctionner. « Sur la semaine, une vingtaine de familles va arriver et aujourd’hui nous avons sept états des lieux d’entrée dans la deuxième travée », précise Jérôme Dalborgo, directeur général de l’Office métropolitain Grand Nancy, maître d’œuvre de ce chantier XXL.

Un quartier qui se repeuple

Dans le même temps, les logements [130 au total] rue du Merlon, derrière l’espace commercial du Plateau, sont en cours de finalisation et devraient être commercialisés prochainement. « Nous essayons d’amener une offre plus diversifiée, ce qui est déjà le cas aujourd’hui », poursuit Mathieu Klein. Une perspective qui va se prolonger puisqu’en 2026, période à laquelle « l’ensemble des projets structurants en matière immobilière seront bien avancés voire livrés ». Ainsi, d’ici l’été 2025, le quartier devrait déjà accueillir autour de 1 000 nouveaux habitants. C’est aussi la nécessité de recréer de l’activité économique qui s’impose. En ce sens l’OMh prévoit de réserver 30 à 40 % des logements pour personnes travaillant sur place. Quid de la tour panoramique, de son nom officiel la tour des Aulnes, qui doit être démolie ? Bien qu’elle se trouve sur la commune de Maxéville, sa présence sur le plateau, à quelques mètres, soulève la question. Elle ne disparaîtra pas totalement du paysage puisque le projet de rénovation envisage la conservation de quelques niveaux de la tour, à la base de l’immeuble pour y installer une résidence collective pour seniors, complétée par 32 logements familiaux. « Le gros œuvre est terminé [pour la résidence senior], maintenant nous devons passer au second œuvre et il reste encore une trentaine de familles à reloger », pour une livraison de la première partie de l’opération prévue « au cours du premier trimestre 2025 », développe Jérôme Dalborgo.

Des services regroupés

Deuxième gros sujet abordé pour ce point annuel, la reconstruction de la mairie de quartier qui, comme évoqué, avait été incendiée lors des violences urbaines en juin 2023 et dont les stigmates sont encore visibles. Elle avait alors été réinstallée de manière temporaire un peu plus haut sur l’avenue Pinchard, « dans des anciens locaux du conseil général qui n’étaient plus utilisés », détaille le maire de Nancy. Il faudra encore s’armer de patience mais cette dernière sera remplacée par un « pôle des services publics et de solidarité » sur le site de l’ancien centre commercial Les Tamaris. En plus d’héberger un espace administratif pour les démarches de la vie courante (délivrance et renouvellement de la carte d’identité et du passeport, inscription sur les listes électorales, règlement de la restauration scolaire, etc.), le futur pôle accueillera le Centre communal d’action sociale (CCAS), les équipes de la Cité éducative, la maison des solidarités du Département actuellement installée au bout de l’avenue Pinchard et, éventuellement, le bureau de police. Avec une perspective d’ouverture en 2028. « Le travail a commencé entre la Ville de Nancy, le conseil départemental de Meurthe-et-Moselle et l’État pour voir comment articuler ces différents services », complète l’élu. Il s’agira du premier équipement de ce genre présent sur le Grand Nancy. La première étape de la démolition a démarré mais quelques détails administratifs doivent encore être réglés, en particulier l’expropriation de certaines cellules, principalement en sous-sol, qui abritaient des commerces et garages. Un mot également sur la future médiathèque qui doit sortir de terre en 2026 [lire dans notre édition du 27 juin]. Elle sera installée au croisement de l’avenue Raymond Pinchard et de la rue du Maréchal Koenig. Ou encore la piscine Alfred Nakache, dont la reconstruction sur site a été confirmée, avec la volonté de développer l’offre aqualudique, jusqu’ici manquante.

Pacification de l’espace public

Autre sujet de préoccupation : la sécurité. « Nous avons renforcé significativement les patrouilles en îlotage. Depuis le début de l’année 2024 nous sommes à 163 missions comptabilisées sur le Haut-du-Lièvre. Nous avons aussi renforcé l’enlèvement des voitures épaves, un des sujets sur lesquels nous sommes régulièrement sollicités par les habitants », énonce l’élu. En parallèle, un nouveau service va voir le jour d’ici la fin de l’année ; une équipe de médiation composée de sept agents qui auront pour fonction « l’intervention sur les grands quartiers populaires », au Haut-du-Lièvre mais pas seulement. « L’équipe sera localisée ici, sur le quartier, et interviendra notamment sur l’ensemble des missions qui ne relèvent pas directement de la police nationale ou municipale dans un objectif de pacification de l’espace public », comme les phénomènes d’errance par exemple. Pour illustrer ses propos, Mathieu Klein fait référence à l’espace commercial de l’avenue Pinchard « en proie à des difficultés », en particulier à la présence de squatteurs « dissuadant les clients de venir ».

Un accès aux soins renforcé

Autre sujet abordé, et non des moindres, la possible création d’une maison de santé. « Nous travaillons avec les professionnels du quartier pour voir comment accompagner leurs projets. Il n’y a pas de maison pluriprofessionnelle de santé pour l’instant mais des cabinets médicaux accueillent des médecins qui travaillent en activité libérale dans des locaux partagés », dévoile le maire de Nancy. Pour l’instant, cette dernière n’est pas encore clairement définie est en cours de réflexion. Plus concret cette fois, il se trouve que les services de la Ville travaillent également à l’implantation, sur le quartier, d’un centre de soins immédiats. « Une offre complémentaire à l’activité en médecine libérale », déjà présente sur la zone. Les contours de ce projet devraient être précisés « d’ici la fin due l’année ».

Recomptage pour les écoles

Qui dit arrivée de nouveau habitants dit nouveaux besoins. Une interrogation reste alors en suspens en ce qui concerne les écoles du quartier, menacées par la fermeture de plusieurs classes [six au total]. Sur ce point, Mathieu Klein se veut rassurant, bien que décidé à ne pas laisser la situation se dégrader, assurant qu’un comptage sera effectué à la rentrée prochaine. « Nous ne pouvons pas regarder la situation du Haut-du-Lièvre comme une baisse démographique. Le quartier se transforme, ce qui a nécessité le relogement de familles et entraînant une baisse des effectifs. Aujourd’hui les logements se repeuplent et nous avons donc saisi le recteur de l’académie » puisque les effectifs annoncés au printemps ne seront plus les mêmes en septembre, expose Mathieu Klein. En ce qui concerne les équipes pédagogiques, une « brigade départementale de remplacement » sera détachée, pour une durée d’un an. Pour rappel, les élus nancéiens avaient adopté une motion de censure lors du conseil municipal du 29 janvier.