Meurthe-et-Moselle. Clementine.fr : « Nous cherchons à recruter 50 personnes par an »

Clementine.fr, le cabinet d’expertise comptable 100 % en ligne basé à Nancy poursuit sa croissance. Le groupe innovant de 230 salariés qui croit dans l’intelligence artificielle cherche à recruter 50 collaborateurs par an et s’apprête à s’internationaliser.

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Sous la houlette de son CEO Maximilien Saint Dizier, Clementine.fr pourrait s'internationaliser.
© Clementine.fr
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Maximilien Saint Dizier est le directeur général de Clementine.fr. L’entreprise d’expertise comptable est basée à Nancy et se développe. L’entrepreneur explique pour La Semaine ses projets. 

Clementine.fr a été fondée en 2012 par William et Jean-Louis Boiché et vous avez rejoint l’aventure peu après. L’idée était de digitaliser l’activité d’expert-comptable. Comment cela se traduit-il ?

Maximilien Saint Dizier : « Nous sommes partis du constat que les entrepreneurs qui se lancent dans la création d’une TPE (très petite entreprise) sont souvent mal accompagnés au démarrage. Or, en France, les TPE représentent la majorité du tissu économique du pays. Au lancement, le recours à un expert-comptable coûte cher et la tarification n’est pas toujours lisible, avec des prix qui oscillent entre 100 et 130 euros de l’heure. Traditionnellement, il s’agit de professions libérales qui facturent en fonction du temps qu’ils passent sur un dossier. Mais il est complexe de savoir à l’avance combien de temps il va falloir, ce qui peut générer des situations anxiogènes. Certains entrepreneurs se retrouvent avec des factures importantes avant même d’avoir pu commencer leur activité. »

C’est ainsi que vous avez eu l’idée de forfaitiser la prestation d’expert-comptable ?

« Afin d’offrir une prestation d’expertise-comptable moins lourde dans la trésorerie de l’entreprise à son démarrage, nous proposons de la lisser sur tous les mois de l’année. Nos clients peuvent bénéficier d’un temps de conseil illimité et de tous les services d’un cabinet d’expertise comptable : déclaration d’impôts, d’impôts sur les bénéfices, de TVA, gestion des fiches de paye… Nous gérons aussi les questions relatives aux aspects juridiques qui touchent l’entreprise… Les entretiens sont réalisés en visio ou par téléphone, ce qui fait de nous un cabinet d’experts-comptables digitalisé. En échange, nos clients payent un abonnement mensuel, qu’ils fassent appel à nous, ou non. Nous partons du principe que les dirigeants n’ont pas besoin tout le temps de leur expert-comptable, mais seulement à des temps bien précis, comme au démarrage de l’activité. »

« Nous n’avons pas procédé à une ubérisation du métier. Tous nos experts-comptables sont des salariés de l’entreprise Clementine.fr, soit 120 personnes. »

Maximilien Saint Dizier, directeur de Clementine.fr.

Comment sont fixés les prix des forfaits ?

« Nous fixons les prix en fonction du chiffre d’affaires réalisé par le client et nos formules sont évolutives. Il y a moins de travail avec les auto-entrepreneurs ou les entreprises individuelles qu’avec les sociétés qui ont des salariés. D’où cette méthode de fonctionnement. »

Qui sont les professionnels à qui vous faites appel pour réaliser vos prestations ?

« Nous n’avons pas procédé à une ubérisation du métier. Tous nos experts-comptables sont des salariés de l’entreprise Clementine.fr, soit 120 personnes. Au total, nous comptons 230 employés, dont 180 collaborateurs au siège de Nancy auquel nous sommes très attachés en tant qu’acteur ancré à notre territoire. »

Économiquement, que pèse Clementine.fr ?

« Nous comptons 10 000 clients : des dirigeants de TPE, jusqu’à des chefs d’entreprise de structures d’une cinquantaine de salariés. En plus du siège, nous nous appuyons sur plusieurs agences d’une dizaine de collaborateurs chacune à Épinal, Marseille, Nice et Paris où il y a 20 personnes. »

Quel est l’intérêt de multiplier les agences alors que vos services sont dématérialisés ?

« Dans les trois ans à venir, nous ambitionnons de recruter 50 personnes par an. L’avantage d’avoir des agences disséminées en France est de trouver plus facilement nos talents. Pour faire de la croissance, il faut des gens qui ont une vision, une envie. Aussi, les compétences ne sont pas les mêmes selon les territoires. À Paris, il y a beaucoup de gens spécialisés dans la communication et le marketing, tandis qu’à Marseille, nous trouvons plus de juristes. À Nice ou Épinal, ce sont les experts-comptables… »

« Nous comptons 10 000 clients : des dirigeants de TPE, jusqu’à des chefs d’entreprise de structures d’une cinquantaine de salariés. »

Maximilien Saint Dizier, directeur de Clementine.fr.

Dans les mois à venir, Clementine.fr pourrait franchir un nouveau cap…

« Depuis cet été, nous nous sommes adossés à un groupe italien spécialisé dans la conception de logiciel de comptabilité. Je ne peux pas en dire plus pour le moment. La direction de Clementine.fr a changé. La famille Boiché, fondatrice de l’entité, reste en accompagnement pendant un temps, tandis que j’occupe le poste de directeur de l’entité.

Grâce à cette alliance, nous nous apprêtons à nous renforcer et à proposer des solutions plus performantes et plus complètes [perspectives chiffrées non communiquées]. Le groupe italien sait faire des logiciels de comptabilité, tandis que nous apportons notre savoir-faire sur les services de comptabilité en ligne.

L’objectif n’est pas d’ouvrir de nouvelles agences, mais de profiter des ramifications à l’international de notre nouveau partenaire pour nous internationaliser nous-même. Cela pourrait passer par la traduction en plusieurs langues de notre logiciel.

On vous attribue le statut de zèbre. Qu’est-ce que ça signifie concrètement ?

« En 2012, nous étions une start-up. Aujourd’hui nous sommes passés au statut au-dessus, de scale-up, dans la mesure où nous avons un modèle économique qui a fait ses preuves et que nous poursuivons notre croissance. Nous sommes aussi considérés comme « zèbre » dans l’écosystème start-up. Cela signifie que nous avons atteint la rentabilité sans jamais en passer par des levées de fonds. Ce n’est pas le spectre normal. Nous n’avons jamais brûlé de cash et Clementinre.fr dégage de l’activité depuis sa création. Encore aujourd’hui, le groupe italien auquel nous sommes adossés ne nous finance pas. Nous auto-finançons nos projets grâce à une gestion en bon père de famille. Nous commercialisons un service qui fonctionne et qui continue de se développer. Nous nous améliorons au fur et à mesure. »

Pensez-vous que la comptabilité en ligne puisse devenir la norme dans les années à venir ?

« Je ne pense pas car la comptabilité en ligne reste marginale, mais ça pourrait évoluer rapidement. »

Notamment avec la mise en place progressive de la facturation électronique ?

« Les entreprises françaises sont particulièrement mal équipées en outils cloud. Elles ont de l’informatique, mais pas de pointe : pas de téléphonie cloud, de signature électronique, de facturation électronique… Notre métier est d’aider les sociétés à réussir cette transformation en termes de fonctionnement. Si les entreprises ne prennent pas le virage du digital, elles stagneront, puis mourront. En tant qu’expert-comptable, notre métier ne se limite pas à envoyer le bilan aux impôts. Nous conseillons le client pour qu’il s’équipe d’outils qualitatifs pour aborder l’avenir. »

« L’intelligence artificielle commence à arriver dans nos métiers. »

Maximilien Saint Dizier, directeur de Clementine.fr.

La facturation électronique sera une révolution pour les entreprises…

« À partir de 2027, les entreprises seront dans l’obligation d’utiliser un outil de facturation électronique réglementé pour pouvoir être payé par leurs clients. Elle devra être effectuée par le biais de plateformes partenaires de l’État, il ne s’agit pas d’une simple facture envoyée par PDF. Il faudra être adhérent d’un outil en connexion directe avec l’administration fiscale. Une entreprise souhaitant se mettre à jour sur la réglementation en avance peut passer par nous car nous serons en capacité de proposer ce service bientôt. »

Quel rôle jouera l’intelligence artificielle dans la profession d’expert-comptable ?

« L’IA commence à arriver dans nos métiers, en interne : dans l’analyse des comptes, ou le traitement des données informatiques. Il ne faut pas craindre cela, mais le voir comme une opportunité. Les collaborateurs que nous recrutons réclament tous des postes à valeur ajoutée, avec de moins en moins de tâches rébarbatives, sans plus value. L’IA répond à cela. En revanche, je crois que les clients ne sont pas prêts à de l’IA conversationnelle. Chez Clementine.fr, nous serions d’ores et déjà en capacité de répondre de manière automatique, avec un contrôle par des humains, mais nous ne le faisons pas. Nos clients attendent un service et ne souhaitent pas qu’un robot leur parle. Actuellement, si vous posez une question à Chat GPT sur la comptabilité de votre entreprise, alors vous obtiendrez une réponse qui sera globalement juste, mais qui ne prendra pas en compte vos problématiques personnelles : votre marché, votre fiche qualité, votre volonté future… En revanche, il est possible qu’un jour l’IA s’impose dans nos métiers et que nous n’ayons plus que ça. »

Au vu du contexte économique difficile, les entreprises font-elles réellement de la digitalisation de leurs services une priorité ?

« En période difficile, mieux vaut se digitaliser afin d’avoir recours à des outils plus performants qui font gagner un temps précieux et permettent de se concentrer sur le cœur de l’activité et le développement. Réduire la voilure sur ces investissements est le meilleur moyen d’avoir des problèmes. »

Quelles sont les autres nouveautés mises en place par Clementine.fr ?

« Depuis peu, nous proposons un service de recouvrement de factures. Si nos clients éprouvent des difficultés à se faire payer, nous nous occupons du recouvrement pour eux. Nous n’avons pas d’engagement de temps, mais nous ne facturons rien si nous ne récupérons rien. C’est un modèle économique qui fonctionne à 100 % à la performance. »

En tant qu’entreprise innovante, menez-vous une politique RSE (responsabilité sociétale des entreprises) forte ?

« Nous sommes obligés de nous orienter vers des démarches de qualité de vie au travail pour parvenir à recruter. Tous nos collaborateurs disposent de deux jours de télétravail par semaine. Il faut de la flexibilité et laisser de la liberté. Intégrer Clementine.fr peut constituer un excellent tremplin dans une carrière professionnelle. Je crois qu’il faut voir notre entreprise comme un jeu. L’idée est de participer à quelque chose qu’on ne voit pas ailleurs. Travailler dans une entreprise en difficulté peut être anxiogène pour les salariés. À l’inverse, évoluer dans une structure en croissance participe à l’épanouissement. »