Jean David, fondateur de l’Isfates à Metz, est mort

Jean David est décédé le 4 décembre à l’âge de 92 ans. Il était l’un des fondateurs de l’Isfates à Metz, défenseur ardent des liens avec l’Allemagne. Un homme d’une intelligence rare à la personnalité attachante.

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Jean David était le fondateur de l'Isfates à Metz.
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Ils sont peu nombreux dont la disparition déclenche un tel hommage. Chez tous, les mots ne sont pas convenus mais profonds. Ils témoignent de qui était Jean David, de la richesse de son existence et de sa personnalité. « C’est quelqu’un qui a marqué l’histoire de Metz », insiste Denis Schaming, vice-président de l’Académie nationale de Metz. Les portes d’entrée de cette vie sont multiples. Avec Denis Schaming, qui a été à l’école avec l’un de ses trois fils, on pousse d’abord celle de l’intimité d’un foyer où se diffusait la chaleur humaine de cet être formidable. « Chaleureux, accueillant, adorable. » Attachant. Élégant, drôle, pétillant. Les adjectifs s’empilent au fil de la discussion. Très vite, il est question de son intelligence. Normalien, germaniste remarquable, « Jean David avait une maîtrise parfaite de la langue allemande, une dextérité incroyable, une connaissance immense de la littérature de ce pays ». Un linguiste qui aimait les langues et les maîtrisait. Il en a d’ailleurs fait son métier. En 1962, il est enseignant de linguistique allemande à l’Université de Nancy, puis devient professeur de linguistique allemande à l’Université de Metz en 1969. Mais le grand moment de sa carrière intervient quelques années plus tard quand est créé l’Isfates (Institut supérieur franco-allemand de techniques, d’économie et de sciences) dont il est l’un des fondateurs en 1978 sur la base d’un accord gouvernemental.

« Metz est la ville française la plus soucieuse d’une relation franco-allemande harmonieuse »

Jean David

Voici ce qu’il disait de cette réalisation. « L’Isfates a été le premier établissement à proposer des cursus binationaux sanctionnés par un double diplôme. Dix ans plus tard, il y a eu le collège franco-allemand de l’enseignement supérieur (CFAES) dont j’ai été coprésident pendant huit ans. Malheureusement, c’était trop caoutchouteux avec deux secrétariats, deux présidents, etc. Elle n’avait pas de personnalité juridique. Fin 1998, l’UFA a vu le jour. C’est un réseau d’écoles et d’universités. Un établissement unique qui a pour mission de susciter, de subventionner, d’évaluer des programmes d’enseignement et de rencontres de chercheurs dans les deux pays. Je garde un souvenir de défricheur de cette période. Un peu la consécration de ma carrière. »

De 1979 à 1988, il est président de l’Université de Metz, ville dont il n’aura de cesse de défendre les liens avec l’Allemagne. « Metz est la ville française la plus soucieuse d’une relation franco-allemande harmonieuse. Strasbourg est davantage une ville tournée vers l’Europe avec toutes ses institutions. Metz est un symbole pour trois raisons : Robert Schuman, le poids de son histoire et son engagement au service des relations universitaires, culturelles et économiques du couple franco-allemand », disait-il en 2016. Il était également membre de l’Académie nationale de Metz marquant les travaux de cette institution de son intelligence pétillante et son humour particulier. « Des d’étudiants se souviendront de lui », estime Denis Schaming. Et tant d’autres personnes ayant croisé son chemin et son esprit.