Dans le Grand Est, toutes les entreprises se mettent à la RSE

La RSE est devenue une priorité absolue pour toutes les entreprises qui souhaitent se pérenniser. Pour obtenir des financements, conserver ses clients, trouver ses talents… mais surtout se conformer à la loi. Dans le Grand Est, de la TPE au grand groupe, tout le monde s’y met.

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Impossible que vous n’en n’ayez jamais entendu parler. Depuis quelques années, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) a envahi le monde de l’entreprise. Selon la Commission européenne, elle correspond à « l’intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes ».

Concrètement, les sociétés, de la TPE au grand groupe, doivent s’engager pour réduire leurs émissions de CO2, économiser l’eau, l’énergie… Des mesures qui s’accompagnent de la mise en place d’une politique sociale forte pour les salariés, afin de continuer à trouver les talents.

Une question de survie, littéralement. Parce que si les tarifs restent encore le critère numéro un dans le choix d’un fournisseur ou d’un client, les sociétés qui considèrent la RSE ont un avantage concurrentiel de plus en plus marqué.

« L’intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes. »

Définition de la RSE par la Commission européenne.

Les banques proposent aussi des financements facilités pour les entreprises qui jouent le jeu, et sont de plus en plus réticentes à accompagner les projets portés par des acteurs qui font fi de l’environnement. Idem pour les subventions régionales, les prêts d’honneur et autres leviers de financements…

Nouveaux fours électriques bas carbone chez Saint-Gobain PAM en Meurthe-et-Moselle, investissement de 130 millions d’euros chez Arkema pour réduire de 20 % ses émissions de CO2 en Moselle, enveloppe de 3,5 millions d’euros dans de nouvelles remplisseuses de bouteilles chez les Sources de Soultzmatt, le producteur de d’eaux et de sodas en bouteille haut-rhinois… Vous l’aurez compris, en fonction de leurs moyens, les dirigeants prennent les choses en main pour se verdir. D’autres ont carrément fait de la RSE le cœur de leur business model : à Metz, le groupe Poncelet a ainsi créé la filiale Esslie pour accompagner les chefs d’entreprise dans leur transition. Des exemples parmi 1 000 autres.

Le cadre légal

La RSE, c’est aussi une question de législation. Tout d’abord car la loi l’impose notamment aux grandes entreprises via différents textes. Depuis 2017, par exemple, certaines sociétés ont l’obligation de fournir une « Déclaration de performance extra-financière ». Une DPEF qui a été remplacée en début d’année par la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) applicable, dans un premier temps, pour les entreprises de plus de 500 salariés (avant de s’étendre) tout en améliorant le contenu des rapports extra-financiers, qui portent sur les données ESG (Environnementaux, Sociaux et Gouvernance) de l’entreprise. En 2019, la loi Pacte (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises), sur son volet RSE, met l’accent sur la « nécessité pour les sociétés de prendre en considération les enjeux sociaux et environnementaux inhérents à leur activité ». Elle introduit aussi la possibilité pour les sociétés qui le souhaitent de se doter d’une « raison d’être » dans leurs statuts.

Et ce n’est que le début comme le confirment, par exemple, les évolutions programmées en ce qui concerne les appels d’offres publics. D’où l’attachement des grandes entreprises à conforter leur bilan RSE, embarquant dans leur sillage leurs fournisseurs et partenaires, y compris les PME et TPE, les obligeant à monter en puissance dans ces registres (en répondant à des critères, notamment imposés dans les appels d’offres). Les consommateurs font également pression en la matière. Pour valider leurs engagements sur le plan social ou environnemental, les attester, les affiner ou les valoriser pour consolider leur image de marque (ou marque employeur à l’heure où recruter est compliqué), toute une palette de labels, référentiels et certifications a été déployée. Des normes, aussi. Notamment l’ISO 26 000 qui est un outil commun à l’échelon international pour tout acteur « voulant construire sa légitimité » en la matière, pour reprendre les termes du groupe Afnor spécialiste de la normalisation.

Jonathan Nenich et Fabrice Barbian