
© Dorothée Smith, courtesy Galerie les Filles du Calvaire
« Forbach me rattrape »
« Le cinéma reste un métier très masculin, dans lequel il faut être déterminé pour avancer », note Claire Burger. Elle arpente désormais l’arrière de la caméra en solitaire, après l’avoir partagée avec Marie Amachoukeli et Samuel Theis – natif de Creutzwald – pour Party Girl. « Cette solitude est surtout difficile parce qu’elle est moins drôle. Mais c’est aussi important pour grandir », juge l’Est-mosellane. Une étape passée en portant à l’écran « un couple en crise (ses parents, ndlr), dans une ville en crise (Forbach, ndlr), à travers une personne en crise (elle-même, ndlr) ». « Au fond, la plupart du temps, mes histoires pourraient être racontées dans un autre décor que celui de ma ville natale. Mais Forbach me rattrape à chaque fois », avoue Claire Burger. « Peut-être parce que lorsque j’écris, j’ai besoin d’avoir des lieux précis en tête, et qu’ils s’incarnent ici. » La cinéaste a pourtant eu la bougeotte dans sa vie : « Après mon bac, j’ai quitté Forbach durant deux ans pour Londres et Paris, avant de revenir et de travailler à la télé locale (TV8 Moselle, ndlr). J’y ai découvert l’univers passionnant des bancs de montage et des caméras, et tourné mes premières images. » Elle repart rapidement dans la capitale « sur un coup de tête » avec Samuel Theis, l’ami « inséparable » qui partage son rêve de cinéma. Leur souhait s’exauce avec Party Girl, après une période de « galère et d’acharnement » précédant leur passage dans des formations prestigieuses. Claire Burger poursuit sa propre route dans C’est ça l’amour, une œuvre où l’art tissé en fil rouge se fait le miroir de Forbach comme de sa jeunesse : « Mon père était un boulimique de culture, il n’a pas arrêté de me traîner étant jeune à des expos ou des concerts. C’était pénible, mais c’est sans doute grâce à lui si je suis cinéaste aujourd’hui », admet-elle. « À Forbach, il y a eu une tentative de remplacer l’activité qui n’existait plus par la culture, sans qu’elle réussisse forcément à toucher la population ouvrière. Mon message, c’est que la culture peut faire vivre les gens, les élever, les enrichir. » Même au Carreau, le théâtre forbachois nommé en référence à son passé minier.Ce contenu n'est pas visible à cause du paramétrage de vos cookies.
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