Critique série. The Jinx, retour d'une série hors norme

C’est une série incontournable pour tous les amateurs de true crime. Elle est revenue cette année avec une deuxième saison. Retour sur cette série documentaire qui avait conduit à faire avancer des enquêtes non élucidées depuis des décennies.

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Retour sur cette série documentaire hors norme
©HBO
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Que la saison 1 soit sortie il y a neuf ans ne change rien à l’affaire : écrire sur la série The Jinx relève d’un certain exercice de style, tant il vaut mieux en savoir le moins pour l’apprécier complètement.

Une petite plongée dans le temps est nécessaire. La série documentaire The Jinx est sortie en 2015 aux États-Unis. Elle est signée Andrew Jarecki. Ce dernier venait de réaliser cinq ans auparavant All Good Things, un film de fiction s’inspirant de Robert Durst, héritier d’une des plus grandes fortunes de l’immobilier à New York. Son épouse, Kathie McCormack, a mystérieusement disparu dans les années 80. En 2000, la meilleure amie du magnat est retrouvée assassinée. Puis un an plus tard, on retrouve le corps de son voisin démembré. Jugé pour ce dernier cas, Robert Durst sera acquitté.

Après avoir vu le film d’Andrew Jarecki, Robert Durst contacte le cinéaste et lui propose de donner, face caméra, sa version des faits.

The Jinx sort à une période où le true crime fait son retour en force, notamment aux États-Unis. Quelques mois après la série HBO, Netflix y va aussi de son documentaire avec Making a Murderer, qui captivera bien des abonnés de la plateforme et ouvrira la voie à bien des documentaires. Mais neuf ans plus tard, force est de constater que The Jinx reste un cas à part. Cela vaut pour le fascinant travail d’enquête, la richesse des archives retrouvées par le documentariste et ses équipes, mais aussi par son sens de la narration. Andrew Jarecki sait garder les petits éléments qui vont changer la perception des choses, user du retour en arrière au bon moment pour renforcer le twist attendu. Le travail journalistique est brillant : il porte même à réflexion dans la dernière ligne droite et devient un vrai cas d’école à montrer dans les formations en journalisme. La diffusion de la série avait d’ailleurs suscité quelques polémiques à l’époque, outre-Atlantique.

The Jinx est remarquable, aussi, pour le personnage principal, monstre d’ambiguïté, souvent froid, le regard implacable, convaincu et parfois convaincant qu’il subit « The Jinx » (la poisse) et qu’il n’est pour rien dans cette accumulation de malheurs autour de lui. The Jinx captive de bout en bout jusqu’au dernier épisode, à couper le souffle.

Près d’une décennie plus tard, Andrew Jarecki a décidé de revenir sur l’engouement autour de The Jinx et les conséquences de sa production dans une saison 2, sortie au printemps 2024. L’occasion d’évoquer en filigrane le poids pris par les faits divers dans nos sociétés. Et qu’il y a toujours à apprendre de la folie des hommes.