C’est l’histoire d’un coup de foudre. Celui d’une famille du coin pour un château qui a toujours fait partie du décor. Dominant la vallée de la Meuse non loin du célèbre village de Domrémy-la-Pucelle, le château de Bourlémont et ses 3 000 m2 habitables, est longtemps resté fermé au public, n’offrant à la vue que sa façade nichée dans la forêt. « Quand nous avons appris qu’il était en vente, raconte Angélique Oudin, la propriétaire, nous n’avions jamais imaginé l’acquérir. Un jour mon mari m’a dit : “J’ai quelque chose à te montrer… tu me diras ce que tu en penses. » Une visite plus tard, le coup de cœur est immédiat. La bâtisse et les intérieurs sont en train bon état, car le château a toujours été habité. Mais une fois l’achat réalisé le 18 janvier 2024, la famille Oudin prend la mesure de la tâche à accomplir, mais aussi du potentiel. « Nous avons eu dès le départ le projet d’y vivre, mais aussi de l’ouvrir au public, ce qui a sûrement motivé la vente. »
« On veut ouvrir le château, mais l’ouvrir intelligemment. »
Angélique Oudin, propriétaire du château de Bourlémont
Propriété de seulement trois familles différentes malgré ses 900 ans d’histoire, le château de Bourlémont a été ouvert au public durant de très courtes périodes dans les années soixante-dix. Dès cet été, la famille Oudin a décidé d’ouvrir le site au public en organisant des soirées pour présenter ce nouveau lieu d’accueil qui compte bien se faire une place dans l’offre culturelle et touristique de ce coin des Vosges. Opération renouvelée cet automne pour Halloween. « On veut ouvrir le château, mais l’ouvrir intelligemment, car en parallèle nous effectuons des travaux pour pouvoir à terme y accueillir des mariages et des visiteurs dans nos futures chambres d’hôtes. » La première vient d’être terminée. Baptisée « La chanoinesse », son nom d’origine, elle a été aménagée en respectant un style d’époque, mais modernisé.
Projet d’une vie
« C’est pour nous l’aventure d’une vie. Nous avons embarqué dans ce projet toute notre famille, nos quatre enfants. Même si ça donne le vertige, chaque jour, quand j’arrive avec ma voiture, je suis toujours aussi émerveillée. » Pour cette famille d’industriels, qui exploite toujours une scierie à dix kilomètres du château, l’acquisition et l’exploitation d’un tel patrimoine obligent à se faire accompagner : « Par exemple, nous ignorions tout de l’organisation de soirée et nous avons fait appel à une société d’événementiel. De la même façon nous avons fait appel à tout un réseau de professionnels pour la rénovation en prenant soin – et c’est une fierté pour nous – de solliciter des artisans du coin. » Car c’est avant tout l’envie d’investir et de s’investir dans leur région qui a poussé Angélique et Mickaël, 42 et 47 ans : « Nous n’aurions pas acheté un château loin de chez nous. Nous avons vraiment l’envie de valoriser et de transmettre ce patrimoine. D’autant que nous venons tous les deux d’un milieu ouvrier, et comme beaucoup nous avons longtemps pensé que seuls les nobles pouvaient vivre dans les châteaux. » Les Oudin ont depuis janvier quitté leur maison de Liffol-le-Grand pour s’installer dans une des ailes du château et écrire ce qui ressemble à une nouvelle page de leur vie.