Y a-t-il un problème Dupontel ? Si on se fie à sa dernière réalisation et au battage promotionnel qui l’accompagne depuis une semaine, on se dit qu’on est imperméable à l’humour dupontellien. Le « pitch » de son cinquième film est fort simple. Ariane Felder, une juge tout juste quadragénaire, merveilleusement psychorigide et fière de sa virginité têtue se retrouve enceinte jusqu’aux prémolaires.
Un examen gynécologique approfondi démontre qu’il ne s’agit absolument pas d’une grossesse gazeuse comme il y en a de plus en plus depuis que certaines pratiques sexuelles orales se sont développées. Une analyse serrée des enregistrements de vidéo-surveillance effectués lors du réveillon fatal permet de retrouver le généreux géniteur de la juge. Il s’agit de Robert Nolan. Son petit nom, c’est Bob et ça nous donne donc Bob Nolan. On peut ne pas penser au célèbre folk-singer étatsunien des années soixante alors qu’Ariane s’accroche bel et bien à un tenace fil qui la relie à ce Bob qui est un tueur en série assoiffé d’organes ophtalmiques. Que s’est-il passé exactement entre Ariane et Bob ce 1er janvier 2013 ?
Avant de connaître les tenants et les aboutissants d’une intrigue qui se déploie lourdement sur quatre-vingts minutes – les trois heures de « La Vie d’Adèle », c’est rien à côté -, on a déjà ri rien qu’avec le titre, « 9 mois ferme ». Serait-ce le seul élément du film qui fasse réellement rire ? Avant même d’y regarder de plus près, on se souvient que le précédent film d’Albert Dupontel – son meilleur à ce jour – portait un titre tout aussi intéressant, ficelé comme un explosif oxymore : « Enfermés dehors ». « 9 mois ferme » file, cela va de soi, la métaphore de l’enfermement utérin et carcéral.
Ceci étant établi, on s’interroge sans cesse durant un visionnage extrêmement difficile (bâillements récurrents, fourmillements pédestres…) où le cinéaste-acteur veut nous emmener. Nous raconter l’improbable love-story d’un tueur et d’une juge ? Démystifier la justice et la gynécologie ? Dresser un éloge de la cellule familiale ? Interroger la magistrature ? On vit quelques sourires dus à Bouli Lanners en ubuesque vidéomateur, on rit juste devant le double caméo de Jean Dujardin en doubleur pour sourds-muets, on peine à déceler celui de Yolande Moreau, c’est moins grave pour Gaspard Noé et Terry Gilliam dont le faciès est moins familier. Deux ou trois autres gags tombent à plat comme le plafonnier qui assomme inopinément un magistrat. Un ou deux mots amusent tel le mignon « nervosé ». Sandrine Kiberlain qui est Ariane, devrait faire rire et ses systématriques sautes vocales n’y font rien ; elle œuvre sans fil vu que depuis deux ou trois ans, elle multiplie les rôles de flic ou de juge (« Pauline détective », « Tip Top »…).
On respire cependant car on sait que dans le film qu’elle tourne actuellement avec la fille de Julien Clerc et de Miou-Miou, elle joue une esthéticienne. Et qu’à présent, elle est la romancière Simone de Beauvoir face l’écrivaine-taularde (Emmanuelle Devos) dans le nouveau film de Martin Provost, présenté en avant-première jeudi 24 octobre dans les Caméo de Metz et Nancy.