Assemblée nationale. Pour la députée Estelle Mercier, « on est dans quelque chose qui tord le bras de la démocratie »

Estelle Mercier, députée de la 1re circonscription de Meurthe-et-Moselle, fait part de ses premiers pas à l’Assemblée nationale. La députée Nouveau Front populaire découvre cet univers dont les comportements sont de nature à désosser nombre de certitudes. Pour Estelle Mercier, il y a un saisissant contraste entre la solennité du lieu où ont siégé quelques grandes figures de l’histoire et les bleus infligés aux principes et à la morale par des alliances qui balancent dans le fossé le verdict des urnes. Une forme de reniement de soi qui permet aux un d’exister et aux autres de trouver l’appui nécessaire pour se maintenir alors que le verdict du scrutin les invitait à décamper.

Des discussions de postes, de strapontins

« Politiquement c’est une rentrée extrêmement décevante. C’est compliqué au sein du Nouveau Front populaire mais là, remettre à la tête de l’Assemblée, dans la continuité à treize voix près, en ayant démissionné des ministres pour qu’ils puissent voter, on est sur quelque chose qui tord un peu le bras de la démocratie et dénie complètement ce que les Français ont voulu dire. Ils n’ont certainement pas manifesté leur désir de maintenir le camp présidentiel au pouvoir. Ils ont indiqué au contraire qu’ils n’en voulaient plus. Il y a aussi une façon de gagner qui est désagréable. »

Pour une nouvelle députée, c’est un spectacle navrant, déprimant ou les deux ?

« À la fois on a envie dire c’est la démocratie et en même temps, pas tellement parce que lorsque l’élection se joue à quelques voix près, qu’on se retrouve avec la présidente la moins bien élue de la Ve République, c’est décevant. Ce n’est pas l’esprit de la Ve République ou le parlementarisme qui sont décevants, ce qui l’est, c’est la façon dont les partis prennent ce cadre en mains avec une coalition Renaissance-Modem, Horizons et la droite pour obtenir des postes. On a une Assemblée avec onze groupes parlementaires, ce qui est du jamais vu donc, forcément, il y a des discussions à mener. Mais là, ce sont des discussions de postes ou de strapontins. Les Français ont envoyé un message très fort et on ne change rien. »

Vous êtes membre d’une commission ?

« Oui, de la commission des finances. Donc ça va être chaud-chaud, bouillonnant à l’automne, quelle que soit d’ailleurs la configuration du gouvernement. »

Qu’avez-vous ressenti en pénétrant dans l’hémicycle ?

« C’est très impressionnant, on sent le poids de l’histoire, sur les bancs il y a le nom de ceux qui ont siégé avant nous. On s’inscrit dans cette continuité. Il y a une question de transmission, une question de fierté évidemment. Les gens nous ont fait confiance pour les représenter. Il y a quelque chose d’assez fort par rapport au lien entre les citoyens et l’Assemblée nationale. C’est aussi une grande responsabilité dans la situation actuelle. »