En rémission depuis maintenant un an, Isabelle a combattu deux cancers successifs pendant dix ans. Vendredi, elle participait à la Messine. Une marche au courage et un témoignage touchant.
Isabelle s’appuie sur son parapluie. Epuisée, fière… vivante. Son corps lui a lancé les premiers signaux dès la place Saint-Louis, des douleurs sourdes dans chacun de ses membres et cette fichue colonne vertébrale qui se solidifie, mais elle a continué à marcher pour accomplir plus des trois quarts du parcours de la Messine. La dernière boucle était de trop, mais qu’importe ? Accompagnée de ses filles, Jade l’aînée et Iliana la cadette, Isabelle a donc marché. Pour elle, pour se prouver qu’elle est encore en vie, et pour les autres. Isabelle pense particulièrement à deux de ses amies toujours en soin, l’une, en sursis. « C’était une façon de les emmener avec moi ». Dans ce t-shirt bien trop serré pour sa corpulence généreuse : « nous étions trois », sourit-elle sans feindre une quelconque émotion. « Pendant une journée, je sais qu’elles ne vont pas penser à la maladie. J’ai voulu montrer que j’étais plus forte. C’est une étincelle dans leurs vies. J’ai pensé à elles tout le long et je n’étais pas la seule dans ce cas ». Courir ou marcher pour ceux qui ne le peuvent pas.
Isabelle se souvient parfaitement de sa première rencontre avec le « crabe ». Le « asseyez-vous » du médecin avant l’annonce de la maladie résonne encore comme au premier jour dans son esprit : cancer du sein. Le mot est lâché. « Un couperet. Cancer, il n’y a rien à faire, a un synonyme : c’est la mort ». Le plus terrible a été d’en faire part à ses enfants. Puis à sa mère. « Je la vois encore porter la main à sa poitrine, sur son sein gauche » : une peine de cœur, irréversible ? « Heureusement, c’était le droit » ironise Isabelle.
Combat de crabe
« Je n’ai pas terminé les 6km, mais j’ai réussi. J’ai la sensation d’avoir fait ce que j’ai pu. J’étais là et je ferais le dernier quart l’an prochain ». Un exploit et de l’espoir en barre. Car depuis 10 ans, Isabelle a dû se battre contre deux cancers successifs. Du sein d’abord, puis des ganglions. Depuis un an, le second est en sommeil. « C’est comme un jeu de mille borne, de tarots : il faut essayer de l’emmener au bout ». Mais les cicatrices sont là. Visibles ou pas. « Tout le long du parcours, je me suis remémorée des choses indélébiles ». Un parcours… du combattant. Et chaque pas comme une petite victoire, un pied de nez au « crabe ». Crabe ? C’est le nom qu’elle a choisis pour remplacer « cancer », en parler librement avec ses proches. Le désacraliser, en rire aussi, pour mieux le combattre.Isabelle se souvient parfaitement de sa première rencontre avec le « crabe ». Le « asseyez-vous » du médecin avant l’annonce de la maladie résonne encore comme au premier jour dans son esprit : cancer du sein. Le mot est lâché. « Un couperet. Cancer, il n’y a rien à faire, a un synonyme : c’est la mort ». Le plus terrible a été d’en faire part à ses enfants. Puis à sa mère. « Je la vois encore porter la main à sa poitrine, sur son sein gauche » : une peine de cœur, irréversible ? « Heureusement, c’était le droit » ironise Isabelle.