
« Une région stratège »
A ses côtés, Nicolas Théry, président de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, et Olivier Sichel, directeur de la Banque des Territoires, expliquent les raisons pour lesquelles ils ont souhaité être acteurs de cette SEM. « C’est une très grande satisfaction d’appartenir à une région stratège, qui la joue collectif », souligne le premier. « Avec Dynamise, nous sommes profondément dans notre rôle de créer les conditions de la reprise économique. Ce qui se fait dans le Grand Est fait école. Le fonds de solidarité Résistance, qui a déjà rassemblé 44 millions d’euros, a été imité dans d’autres régions », enchaîne le second. La Région, le Crédit Mutuel et la Banque des Territoires apportent cinq millions d’euros chacun. « La SEM n’a pas vocation à faire de profit. Les résultats seront nuls, nous allons même prendre des risques », précise Olivier Sichel.
« Pas un franc-tireur »
Une initiative régionale, certes, mais en aucun cas lancée dans le dos ou à contre-courant de l’Etat. « J’ai informé le Premier ministre et le ministre de la Santé. Je ne suis pas un franc-tireur, j’agis dans un cadre réfléchi. Nous souhaitons simplement accélérer le mouvement », précise Jean Rottner. « Pourquoi l’Etat devrait-il agir plus que la Région ? », interroge le président qui refuse de faire le procès des uns ou des autres. « Aujourd’hui, tout le monde est responsable. On a encore des morts. Le bilan, on le fera après. Je ne me pose pas ce genre de questions. » L’objectif des trois millions de tests est, dans un premier temps, fixé. « J’aimerais passer une commande dans les quinze jours qui viennent », précise le président qui devra attendre les autorisations des autorités de santé et qui ne ferme la porte à aucun des laboratoires en mesure de produire ces tests. Excès d’optimisme ? « Quand j’ai commandé cinq millions de masques, on ne m’a pas demandé si j’étais optimiste ou pas. La meilleure connaissance de cette épidémie progresse de jour en jour. » Jean Rottner prévient encore : « Les tests ne constituent pas l’alpha et l’oméga, ils ne sont qu’un outil supplémentaire dans une grande chaîne ». Ainsi, le président se dit-il favorable à la mise en place du traçage numérique des personnes qui le souhaitent. « Il s’agit de choisir entre la liberté individuelle et la raison collective, entre une liberté choisie et une liberté contrainte. Nos voisins allemands et suisses essaient ce dispositif. » Le président annonce aussi avoir sensibilisé l’Agence régionale de Santé sur la nécessité de réquisitionner des hôtels ou des cures thermales pour accueillir des futurs patients contaminés.
Le 11 mai : une bonne date ?
« C’est une date raisonnable », répond Jean Rottner quand on l’interroge sur la pertinence du 11 mai pour commencer le déconfinement. « On ne parle pas d’une fin d’épidémie, elle va se poursuivre. Nous devons éviter une forme de rebond. Pour cela, toutes les mesures prises depuis le début de la séquence sont importantes et doivent être appliquées. Elles permettront d’éviter la saturation des hôpitaux. L’anticipation du déconfinement doit être faite le plus rapidement possible et de manière coordonnée. »