
De 1 300 à 7 000 euros
Les premières caméras, réglées sur 38°, ont été installées dans des entreprises dès le 3 avril par Procedo. La demande ne cesse d’augmenter, notamment depuis l’annonce du déconfinement le 11 mai. Chaque caméra coûte entre 1 300 et 7 000 euros, louée aux alentours de 500 euros aux utilisateurs. Entreprises privées comme collectivités ont contacté l’entreprise, dit Clément Vuibert, dont l’office de tourisme de Metz. « Il nous a commandé une borne d’auto-contrôle thermique, qui est plutôt un service. Chaque personne est renvoyée à sa responsabilité, elle passe devant et connaît sa température », précise-t-il. « Rien n’est encore fait », tranche de son côté Philippe Courqueux, directeur de l’agence Inspire Metz. « Nous explorons des hypothèses, n’importe quelle étude doit être faite si elle peut permettre de préserver quelqu’un. Mais nous n’avons encore rien testé et rien décidé. » Inspire Metz précise que « d’autres choses seront mises en place, comme le port du masque » avant d’avoir recours à cette méthode. La borne de Procedo peut également détecter les masques. Si leur port n’est pas imposé par l’Etat, les commerçants, notamment dans les grandes surfaces, peuvent trouver la technologie intéressante. Si certaines « écoles d’ingénieurs et grandes écoles de commerce » ont également passé commande, Clément Vuibert précise qu’après des discussions et des études avec les collectivités, il n’a reçu aucune sollicitation de la part « de l’Education nationale ».
Préserver les droits privés
La massification de la prise de température pose de très nombreuses questions. Son recours n’est d’ailleurs pas « recommandé » par le Haut Conseil de la Santé publique puisqu’elle ne détecte pas les patients asymptomatiques… et la fièvre reste aussi un symptôme d’autres maladies. La ministre du Travail Muriel Pénicaud a rappelé lundi 4 mai au micro de France Info qu’elle ne pouvait pas être imposée dans les entreprises, au même titre que les campagnes de dépistage généralisées. « C’est une intrusion sur le domaine de la santé, c’est privé », a-t-elle souligné. L’entreprise Toyota à Onnaing, pourtant, a eu recours à ce système lors de sa reprise d’activité fin avril. « Dans ce cadre, c’est à chaque dirigeant de dicter ses règles et d’appliquer le protocole. Par exemple : vous avez plus de 38° de température, vous restez chez vous avec un arrêt maladie », ajoute Clément Vuibert. « Dans le cadre public, personne ne sera refusé parce qu’il a de la fièvre », précise-t-il. « Ce serait une discrimination. Dans certains centres commerciaux, la personne détectée se voit remettre un masque et est invitée à consulter un médecin. On n’est plus dans le caractère anxiogène du Covid-19, on doit tous sortir et vivre avec. Ceci est une solution. » Alors quelle liberté pour les droits, les données étant sécurisées par la loi sur les RGPD ? Les caméras n’enregistrent aucune donnée, aucune image. « On parle de privacy by design. Même si on voulait voir, cela n’a pas d’intérêt de savoir qu’il y a trois jours, vous aviez de la fièvre. C’est un contrôle à l’instant T », contrecarre Clément Vuibert qui reconnaît la peur générale de Big Brother. « Les technologies sont toujours en avance sur la loi. En Asie, les caméras sont utilisées pour la reconnaissance faciale mais nous ne sommes pas, et heureusement, dans un pays comme la Chine. » Mais que se passe-t-il si on se refuse à la prise de température ? Pour le moment, pas de piste de réponse formelle, il est trop tôt. Selon Clément Vuibert, « c’est comme si vous refusiez le contrôle des bagages dans un aéroport… vous ne rentrez pas ». Pour le chef d’entreprise, l’installation de ce type de caméra sur trépied est temporaire, « s’il n’y a pas de deuxième vague ». Pour l’instant, ce marché représente 95% du chiffre d’affaires de l’entreprise mais va « évidemment » se réduire. De façon pérenne, ce type de dispositif pourrait justement devenir la norme dans les aéroports afin d’éviter la circulation d’autres virus et de créer d’autres épidémies.