
En 2019, il écrit Une ville de papier, un roman expérimental qui imagine la destinée d’un lieu fictif créé par un cartographe dans les années 1930. Une épopée inspirée de l’histoire vraie d’Agloe, dans l’État de New York, ville inventée de toutes pièces par une entreprise de cartographie qui finira par réellement exister, une vingtaine d’années plus tard. « Jusque dans les années 1990-2000, lorsqu’on créait une carte, on ajoutait un élément fictif. Si on retrouvait le même élément chez le concurrent, ça voulait dire qu’il y avait eu plagiat », détaille-t-il.Le 9 avril prochain dans le cadre du @lelivreametz, le jury du #PrixFrontières #LéonoraMiano, sous le parrainage de Guillaume Poix désignera son lauréat. Ils sont auteurs sélectionnés. Découvrez-les⤵ pic.twitter.com/i49qna9RNC
— Université Lorraine (@Univ_Lorraine) February 2, 2022
« Comprendre l’infra-ordinaire »
« J’ai toujours été comme ça. Tout petit déjà, je pensais que je devais faire un compte rendu du monde, sans doute pour me rassurer. C’était quelque chose d’assez existentiel ». Très tôt, Olivier Hodasava se rend compte qu’il peut fictionnaliser ce qu’il voit, imaginer des relations entre les choses et les personnes. « Quand j’avais sept huit ans, j’ai soudoyé mon frère pour qu’il me prête son appareil photo. J’avais photographié du balcon tout ce qu’on voyait ». Une fois ses clichés développés, il s’amuse à les coller sur une grande feuille avant de tracer des abscisses et des ordonnées. « Je passais mes après-midi à me dire ‘’ah tiens, en A3 il y a une dame qui promène son chien, en B6 une voiture s’est garée à 17h17. Et ça me paraissait important de faire ça. Cette démarche m’intéresse toujours, j’aime donner des clefs pour comprendre l’infra-ordinaire. » Une obsession mise en application sur la route des vacances. « On montait de Grenoble à Moyeuvre-Grande chez mes grands-parents. Je demandais à mes parents toutes les cartes Michelin qu’on avait, je découpais des feuilles et notais tout ce qu’on allait potentiellement croiser sur la route, comme les églises, les ponts, les fleuves… Je trouvais ça presque magique que les cartes soient le reflet d’une réalité, raconte-t-il. Il y avait conflit si mes parents décidaient de changer de route. C’était un peu pénible pour mon entourage de subir ça. » Finalement, l’utilisation de Google Streetview pour traverser les frontières sonne comme une évidence. « Ce qui est fascinant, c’est qu’on a une sorte d’archive du monde depuis 2007. Ce qui me parle le plus poétiquement, ce sont les micros changements : les arbres ont-ils poussé ? Les gens ont-ils changé la couleur de leur volet ? C’est une chance incroyable de pouvoir ainsi se documenter sur le monde. » Pour assister aux deux dernières rencontres, rendez-vous le 16 mars à 18h à la librairie le Hall du Livre de Nancy avec Hajar Azell, autrice de « L’envers de l’été » (Gallimard, 2021), et le 6 avril à 14h à la bibliothèque universitaire du Saulcy avec Hélène Gaudy, plasticienne de formation, qui explore le rapport entre texte et image et la manière dont les lieux influencent un récit.Les 10 ouvrages en compétition
Lancé en 2021 par l’Université de Lorraine en collaboration avec l’Université de la Grande Région, le prix littéraire « Frontières », dédié à l’écrivaine camerounaise Leonora Miano, récompense le meilleur roman de l’année sur la thématique des frontières. La rencontre du 7 février a permis aux organisateurs d’annoncer officiellement leur sélection : – Les Confluents, d’Anne-Lise Avril, aux Éditions Julliard – Les vies de Jacob, de Christophe Boltanski, aux Éditions Stock – À l’autre bout de la mer, de Giulio Cavalli, aux Éditions de l’Observatoire – Avant les années terribles, de Victor del Árbol, aux Éditions Actes Sud – Le chat, le général et la corneille, de Nino Haratischwili aux Éditions Belfond – Soleil amer, de Lilia Hassaine, aux Éditions Gallimard – Plasmas, de Céline Minard, aux Éditions Payot Rivages – Ultramarrins, de Mariette Navarro, chez Quidam éditeur – La traversée, de Pajtim Statovci, aux Éditions Buchet-Chastel – L’invention de Louvette, de Gabriella Trujillo, aux Éditions Verticales