Européennes : la Lorraine est-elle plus mobilisée que les autres régions françaises ?

Vivre dans une région transfrontalière, c’est être déjà tourné vers l’Europe. Un positionnement géographique qui peut peser au moment de choisir ses représentants européens. Le 27 juin prochain, la flamme olympique passera par la Moselle à travers un relais qui marquera l’importance de l’Europe sur ce territoire. Lors de la quatrième étape du parcours, la torche olympique réussira à parcourir trois pays en quelques minutes seulement : Apach en France, la Sarre en Allemagne puis Schengen au Luxembourg, à l’endroit même où ont été signés les accords de 1990. Une caractéristique propre à ce territoire qui en dit long sur l’attachement des Lorrains à cette identité. Ici, on l’appelle le Tripoint France-Allemagne-Luxembourg. Car en Lorraine, l’Europe est partout tant dans les discours des politiques qui aiment qualifier ce territoire de « cœur de l’Europe » que dans la vie quotidienne de ses habitants. Selon l’observatoire interrégional du marché de l’emploi, les Lorrains étaient en 2021, 124 220 à travailler de l’autre côté des frontières. Une grande majorité prenant la direction du Luxembourg qui compte de nombreuses institutions européennes (commission européenne, Cour de Justice de l’Union européenne, Cour des comptes européenne, banque européenne d’investissement, etc.) Dès lors, il est légitime de penser qu’ici le taux de participation doit être plus fort qu’ailleurs. Et pourtant non. La géographie ne semble pas peser dans la balance de l’intérêt que l’on porte à ces élections. Il suffit de reprendre les chiffres officiels du gouvernement lors du dernier suffrage de 2019 pour le constater. Les Mosellans comme les Meurthe-et-Mosellans ne se sont pas bousculés aux urnes. Les premiers affichent un taux de participation de 47,14 %, soit un tantinet inférieur au chiffre national qui est de 50,12 %. Quand la Meurthe-et-Moselle se situe avec ses 50,45 % entre le taux national et le taux européen figé à 50,66 %. Cela s’explique par le fait que « les Lorrains sont plus consommateurs que citoyens », estime Roger Cayzelle, président de l’Institut de la Grande Région. Reste tout de même un point positif : la participation à ces élections a bondi entre 2014 et 2019, progressant de dix points en Moselle et huit en Meurthe-et-Moselle. Même si pour l’un comme pour l’autre des départements, c’est le Rassemblement national qui arrive en tête.