
Première vente avortée
Yvon Gérard annonce la vente du tournoi à Robert Han, un homme d’affaires à la tête d’OEC, un consortium industriel en Asie-Pacifique. C’est donc désormais à Taiwan que l’aventure se poursuivra. « On est en situation très délicate depuis plusieurs années. La mort dans l’âme, j’ai préféré vendre au lieu d’aller dans le mur », déclare Yvon Gérard au Républicain Lorrain le 9 octobre 2016. La nécessité d’attirer des joueurs du Top 10 impose un budget que l’Open de Moselle ne peut pas tenir (la Ville de Metz s’est désengagée) et la création du tournoi de Roger Federer à Prague aux mêmes dates sonne le glas de la compétition messine. C’était sans compter sur le branle-bas de combat que suscite l’annonce d’Yvon Gérard. La première opération de sauvetage de l’Open débute. Le 16 novembre, l’ATP (Association du tennis professionnel) refuse la vente du tournoi à Taïwan en raison de l’absence de consensus au sein du comité directeur et d’une opposition des joueurs à voir le tournoi quitter la France. Tous les actionnaires n’ont pas voté pour la vente. Parmi les voix contre, il y en a une qui compte triple : celle de Julien Boutter. C’est lui qui, aux côtés du Département de la Moselle, fidèle partenaire depuis le début, organise la révolte et orchestre une refonte profonde de l’actionnariat. Pour que le tournoi ait un avenir où il est né, il faut que ses acteurs et financeurs principaux soient mosellans, lorrains ou aient un intérêt à mettre de leur temps, de leur argent ici. Bref à miser sur le territoire. Ensemble, ils parviennent à sauver le tournoi. “Ils”, ce sont, entre autres, Yves Henri, Éric Lucas, chefs d’entreprise et avocat du cru… Encore une fois tout va mieux et même bien jusqu’à ce qu’une nouvelle annonce intervienne. En 2022, le Moselle Open a un nouveau patron et il s’appelle Jo-Wilfried Tsonga. Le capital de la SAS Open de Moselle, propriétaire de la date au calendrier ATP, change très majoritairement de main. Menée dans la discrétion, cette transaction voit la société All In Moselle – détenue notamment et indirectement par Jo-Wilfried Tsonga et son ami, également ancien joueur pro, Thierry Ascione – prendre 72,95 % du capital. Yves Henri, président de la SAS depuis juillet 2020, reste aux commandes, avec toujours à ses côtés Julien Boutter comme directeur du tournoi. Autre facteur de stabilité annoncé : le tournoi restera mosellan au moins jusqu’en 2029. « Toutes les garanties ont été données sur ce point primordial », martèle Yves Henri. La question de la localisation du tournoi est, entre autres, une des raisons pour lesquelles certains minoritaires refusent le rachat par la paire Tsonga/Ascione. Emmenés par Éric Lucas, ils contestent en vain devant la justice ce changement de majorité. Détenteurs de 16 % des parts, « nous étions prêts à reprendre la totalité du capital, nous avons préempté dans les délais mais ils sont passés en force », avance Éric Lucas. Une action qui pousse l’ATP à ne pas valider la vente et lui octroie la possibilité de prendre des sanctions dont celle de préempter la licence du tournoi.
La guerre est déclarée
Depuis la guerre est déclarée entre les partenaires d’hier. Et l’ATP voit rouge dans cette insoluble et profonde querelle d’actionnaires. L’Association du tennis professionnel choisit de remettre la main sur le Moselle Open en reprenant aux actionnaires du tournoi la licence pour 4,8 millions d’euros. L’annonce est faite le 20 juin dernier par nos confrères du Républicain Lorrain. On apprend que le 14 février 2024, lors d’une assemblée générale extraordinaire, les actionnaires ont approuvé à 84 % (16 % de ses actionnaires s’abstiennent) le protocole d’accord, signé ensuite. Il y aura bien une édition en 2024 et 2025 à Metz. L’avenir plus lointain semble, lui, plus compromis. Le seul espoir qui perdure serait que la date soit louée à Metz. Ça se fait ailleurs, alors pourquoi pas ici ? Le Moselle Open a déjà prouvé sa capacité à renaître de ses cendres. Certains, comme le président du Département de la Moselle, Patrick Weiten, continue à se battre pour conserver cette pépite.