Législatives en Lorraine : les décideurs économiques ont leurs maux à dire

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a demandé aux grandes organisations patronales de prendre position en ce qui concerne les programmes économiques des partis dans le cadre des élections législatives. Certains ont entendu le message. Et en Lorraine ? « J’en appelle au monde économique. J’en appelle aux chefs d’entreprise, aux artisans, aux commerçants, aux indépendants, je ne leur demande pas de prendre des positions politiques, je dis juste à la CPME [Confédération des petites et moyennes entreprises], je dis juste au Medef, je dis juste à l’association française des grandes entreprises de dire clairement ce qu’elles pensent des programmes économiques des uns et des autres. » La phrase est signée Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, quelques jours après la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron. Message reçu, quelques acteurs du monde économique sont sortis du bois : l’organisation patronale U2P qui représente les entreprises de proximité s’est exprimée auprès de l’AFP. Elle met « sur le même pied de dangerosité » économique le RN et le Nouveau Front populaire. La CPME qui parle d’un programme « inquiétant » en ce qui concerne les idées économiques du Nouveau Front populaire, ou l’Afep, qui regroupe 117 grandes entreprises se sont aussi manifestés. Et en Lorraine ? Quelles sont les positions des uns et des autres ? « Nous appelons chacun à aller voter. Notre rôle n’est pas de prendre position. Les chefs d’entreprise ont besoin de visibilité politique pour investir. Des réglementations qui vont d’un sens à l’autre, ce n’est jamais bon », indique Bernard Nucci, président du Club Entreprises Rives de Moselle. Pas de position tranchée non plus du côté de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih). « Nous devons la neutralité politique. Dans nos restaurants, nous savons bien vivre ensemble, avec les différences culturelles et cultuelles. Et ça plaît aux consommateurs », glisse Christophe Thiriet, le président de l’entité mosellane. « Je ne souhaite pas donner de consigne de vote », indique Nadège Risse, présidente de la CPME Moselle. « Remettons la valeur travail au cœur des préconisations et des discussions », ajoute-t-elle. Du côté de la fédération du BTP, la stratégie est d’interpeller les députés favorables à la construction neuve. « Nous avons transmis nos doléances à tous les partis. Nous souhaitons des positions claires sur les mesures qui concernent la relance du logement neuf ou la rénovation énergétique, et nous avons besoin d’être soutenus sur le plan l’apprentissage », commente de son côté Samuel Lorin, secrétaire général de la fédération du BTP de Moselle.

Le Medef « ne mettra pas d’huile sur le feu »

Le Mouvement des entreprises de France (Medef) vivra un temps décisif jeudi 20 juin. « Le Medef recevra tous les responsables de parti. Il s’agit d’une réunion pour permettre d’obtenir une information clarifiée et pragmatique afin ensuite de donner un avis sur les positions économiques et seulement économiques. Nous ne mettrons pas d’huile sur le feu. Il faut sortir des émotions, pacifier la situation », explique Alexandre Farro, président du Medef pour le Grand Est et dont l’entreprise Les Émotionneurs est localisée à Nancy. Tous les partis auraient répondu à l’invitation du Medef. En Moselle, André Bousser, le président de l’Union des Entreprises 57 dit « attendre de voir ce qui sera décidé à l’échelon national par le Medef… » Ce qui n’a pas empêché l’antenne mosellane de lancer une enquête auprès de ses adhérents pour connaître leur sentiment et leurs attentes dans cette période politique troublée.