Législatives : qui pour faire barrage au Rassemblement national en Meurthe-et-Moselle ?

Ces personnalités de Meurthe-et-Moselle seront en première ligne pour faire barrage au Rassemblement national. Issus des rangs de la droite, du centre ou de la gauche, ils sont au second tour des législatives pour éviter que l’extrême droite n’obtienne la majorité absolue à l’Assemblée et ne renforce ses positions dans nos territoires. Dans cinq des six circonscriptions de Meurthe-et-Moselle, le Rassemblement national dispose du potentiel théorique pour l’emporter le 7 juillet. A priori seule Nancy 2 devrait échapper à coup sûr au raz de marée RN, avec le maire socialiste de Vandoeuvre Stéphane Hablot (39,91 %) et le député sortant de majorité présidentielle Emmanuel Lacresse (30,74 %) qui font la course en tête, loin devant la candidate de Jordan Bardella, Geneviève Maillot (22,45 %), présente dans cette triangulaire. Zoom sur les cinq autres circonscriptions et leurs candidats positionnés face au RN.

Nancy 1- Estelle Mercier, la fidèle

Si Estelle Mercier parvient à remporter la première circonscription de Meurthe-et-Moselle, ce sera une victoire pour le Nouveau Front populaire mais aussi pour la gauche socialiste nancéienne et meurthe-et-mosellane. Et donc aussi pour Mathieu Klein. Car l’adjointe au maire est une fidèle du premier magistrat de Nancy dont elle partage depuis quelques années les combats politiques. Pièce essentielle de la majorité municipale et de la gouvernance métropolitaine, l’universitaire Estelle Mercier (37,73 % au premier tour) bénéficiera du retrait du député sortant Philippe Guillemard arrivé troisième juste derrière la candidate RN. Elle est désormais à deux doigts de faire basculer une nouvelle fois cette circonscription dans le giron socialiste, comme l’avait fait avant elle Chaynesse Khirouni – actuelle patronne du conseil départemental – en l’arrachant en 2012 à Laurent Hénart avant de la céder à la macroniste Carole Grandjean en 2017. Et par le même coup éviter que le RN, réprésenté par Patricia Melet (26,90 %), ne pose ses pattes sur Nancy l’humaniste.

Longwy – Martine Étienne, la (très) discrète

C’est peu dire que l’insoumise Martine Étienne n’a guère fait d’étincelles durant son mandat de députée de la troisième circonscription de Meurthe-et-Moselle, écourté pour cause de dissolution surprise. L’ancienne postière partie sous l’étendard du Nouveau Front populaire n’a guère le clinquant du macroniste Xavier Paluszkiewicz qu’elle a délogé en 2022 de ce bastion de gauche ni l’épaisseur du socialiste et ex ministre Christian Eckert, lui aussi ancien titulaire du mandat de député du Pays haut. N’empêche c’est aujourd’hui à l’ancienne militante CGT qu’il revient de se poser en rempart contre l’extrême droite. Saura-t-elle convaincre les électeurs modérés de la soutenir ? Pas certain. D’autant que la marche semble haute : dimanche 30 juin, elle n’a totalisé que 28,49 % des suffrages contre 43,46 % pour le RN Frédéric Weber.

Lunéville – Thibault Bazin, le dernier des Mohicans

Depuis 2017, les Républicains encaissent baffe sur baffe… mais sont toujours là. Grâce notamment à la pugnacité de certains élus locaux qui, solidement enracinés dans leur territoire, résistent aux bérézinas électorales nationales et à la fuite des cerveaux. C’est le cas – jusqu’à présent – de Thibault Bazin qui continue de porter haut l’étendard LR en Meurthe-et-Moselle. Élu en 2017 en pleine vague Macron – un exploit -, le député sortant de la quatrième circonscription aura cette fois fort à faire pour éviter d’être emporté par la déferlante RN qui n’a pas épargné le sud du département. Avec 33,21 % des voix, il se trouve à une sacrée longueur de l’expérimentée Dominique Bilde du RN (47,30 %). Thibaut Bazin pourra toutefois compter sur le désistement de l’écologiste (NFP) Barbara Bertozzi-Biévelot. Loin d’être gagné pour autant.

Toul – Dominique Potier, l’œcuménique

Dominique Potier est un cas à part dans le paysage politique local. Ce n’est pas le genre d’élu à mettre un mouchoir sur ses convictions, pourtant vous entendrez peu de ses paires dire du mal – à part peut-être Nadine Morano qui avait jadis détenu son mandat – de cet agriculteur socialiste, catholique revendiqué, héritier de Michel Dinet, qu’on pensait indéboulonnable depuis 2012 sur la cinquième circonscription de Meurthe-et-Moselle. Pour preuve, la majorité présidentielle n’a pas dépêché de candidat sur ses terres. Pas plus que ses amis de gauche alors même qu’il avait refusé l’étiquette Nouveau Front populaire, comme en 2022 il avait décliné la labellisation Nupes. Pourtant dimanche 7 juillet, Dominique Potier (43,47 % au premier tour) devra ferrailler face à un candidat d’extrême droite sorti de nulle part (Louis-Joseph Pecher, 30,45 %) qui a été désinvesti pour des propos orduriers homophobes, et antisémites, par le RN et les amis d’Éric Ciotti. Comme quoi, le pire n’est jamais décevant…

Pont-à-Mousson – Caroline Fiat, la militante

Lors de la mandature 2017-2022, et notamment durant la crise sanitaire, Caroline Fiat a souvent été décrite par les médias nationaux comme la « députée aide soignante ». Il faut dire que l’élue insoumise n’hésitait jamais à mettre en avant sa profession d’origine, non seulement pour souligner son ancrage dans la vie réelle mais aussi pour dénoncer les conditions de travail souvent déplorables du personnel paramédical. Une exposition médiatique qui l’a aidée à se faire un nom dans cette sixième circonscription de Meurthe-et-Moselle détenue pendant près de 30 ans par l’inoxydable socialiste Jean-Yves Le Déaut. Cette notoriété acquise par Caroline Fiat pourrait ne pas lui suffire pour sauver son siège et éviter que le Rassemblement national ne rafle la mise. Au premier tour, la candidate du Nouveau Front populaire ne totalisait que 26,73 % des voix contre 44,53 % pour le RN Anthony Boulogne. Dur dur.