Logements insalubres à Nancy : la fin du calvaire ?

Ce devait être un havre de paix pour couler des jours heureux. Mais voilà, des propriétaires d’appartements de type F7 et F3 au Clos de Médreville, situé 2 boulevard Charlemagne à Nancy, vivent désormais dans des conditions indécentes. Le fond de l’affaire : des infiltrations d’eau provenant de la toiture qui détériorent leur habitation. C’est une histoire ubuesque qui dure depuis 2014. Huit ans après, l’affaire de la famille Moutaux, propriétaire d’un F7 au 7e étage, bâtiment 3, du Clos de Médreville, acheté 38 000 euros en 1973, n’est toujours pas réglée. Elle prend même une tournure dramatique puisque Robert et Éliane, 89 et 90 ans, vivent dans des conditions « d’extrême » insalubrité. Infiltrations d’eau dans les plafonds, fissures, moisissures brunes sur les murs, pose d’étais « de fortune » sur la terrasse pour éviter que les murs ne s’effondrent… « La situation est plus que déplorable », assène le fils du couple, Éric Moutaux, en charge du dossier pour le compte de ses parents. « Malgré tous nos efforts pour les aider au quotidien, je crains pour leur survie. Ce n’est plus tenable. » En octobre, désespérée par cette situation, la famille, qui a déjà dépensé près de 30 000 euros en procédures, a même posé une banderole sur la façade du balcon pour alerter les passants mais aussi le syndic de la copropriété, Nexity, à qui elle reproche de ne pas faire le nécessaire : « Appart insalubre. Merci Nexity ». Un message clairement entendu par celui-ci qui a déposé plainte dans la foulée contre la famille Moutaux pour « affichage sauvage diffamatoire ». Quelle serait l’origine de l’insalubrité constatée dans l’appartement ? Selon Éric Moutaux, « ces infiltrations seraient dues à un défaut majeur d’étanchéité de la terrasse privative appartenant à la propriétaire du local située au-dessus de l’appartement ». La cause serait donc un jardin sur les toits au… 8e étage. Mais tout reste encore à clarifier !

« Je compte partir de mon logement »

Dans son appartement de type F3 acheté en 2017, au 6e étage de la résidence, en dessous de la famille Moutaux, Nicole, 76 ans, vit elle aussi un véritable cauchemar. Une première fissure est apparue sur le plafond de son salon en mars. À un souffle des fêtes de Noël, sa pièce principale est jonchée de bassines pour contenir le rideau de pluie de deux mètres de long qui inonde son sol par mauvais temps « L’eau s’infiltre dans les dalles de béton. C’est un goutte-à-goutte permanent dans mon salon. Maintenant je n’ai plus qu’un seul souhait : quitter la résidence », précise la retraitée qui a commencé, avec un avocat, des démarches juridiques pour tenter, comme la famille Moutaux, de se faire entendre. Lassée de cet imbroglio « qui n’en finit pas », elle a aussi accroché en octobre sur son balcon une banderole : « SOS, il pleut dans mon appartement ». Un ultime message de détresse à qui voudrait bien l’entendre.

Qui est responsable ? Que fait Nexity, le syndic de copropriété, en charge de cet ensemble immobilier de 399 logements ? Difficile de répondre à toutes ces questions parce que l’épais dossier passe de main en main, d’année en année : entre les avocats représentant les familles de victime, les experts judiciaires, la justice qui fait son travail à son rythme, le syndic de copropriété précisant, dans un courrier envoyé à la famille Moutaux, que tous « les efforts sont faits pour faire avancer les choses et que les causes des infiltrations seront réparées ». Résultat : les dossiers s’amoncellent sur les bureaux sans l’ombre d’un résultat probant. In fine, « tout ceci donne une mauvaise image. Si bien que quelques propriétaires qui souhaiteraient vendre leur appartement n’y arrivent pas », note la responsable du bâtiment n°3 du Clos de Médreville, qui tente par tous les moyens de jouer la carte de l’apaisement.

Un avertissement de la Ville de Nancy

Devant ce grand déballage public, le service hygiène et gestion des risques majeurs de la Ville de Nancy est venu sur place en octobre annoter dans un rapport l’ampleur des dégâts, puis a mis en demeure en novembre le syndicat de copropriétaires de commencer les travaux sous peine de pénalité. Mi-décembre, ces derniers n’étaient toujours pas engagés. Enfin, lundi 12 décembre, les copropriétaires du Clos de Médreville étaient en assemblée générale pour aborder entre autres ce dossier. Joint par téléphone à l’issue de la réunion, Éric Moutaux confirme « une prise de conscience de l’ensemble des copropriétaires sur le facteur humain de cette affaire mais aussi médiatique ». Une nouvelle AG est prévue début janvier afin d’établir un rétroplanning des travaux à entreprendre. Le Clos de Médreville devrait donc redevenir un havre de paix !

Une nouvelle plateforme

L’État a lancé en janvier 2022 une plateforme en ligne de signalement de logements insalubres. Cet outil nommé « histologe » permet aux propriétaires mais aussi aux locataires d’aviser d’un état d’insalubrité de leur habitation. Via un guichet unique, « il permet de trouver les bons interlocuteurs. Vandœuvre-lès-Nancy sera ville pilote de ce grand projet en 2023 », explique Philippe Atain-Kouadio, adjoint au logement à la mairie. Site Internet : histologe.beta.gouv.fr