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Dix ans du salon du numérique à Metz : il était une fois #GEN

Qui aurait cru qu’une idée née autour d’un café allait devenir l’un des événements phares du numérique en France ? C’est la prouesse accomplie par #GEN, qui vivra sa dixième édition les 8 et 9 septembre. « La Semaine » vous raconte son histoire.

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Par Aurélia Salinas
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Au fil des éditions, #GEN est devenu un rendez-vous incontournable du numérique et du business. Photo DR
Qui aurait cru qu’une idée née autour d’un café allait devenir l’un des événements phares du numérique en France ? C’est la prouesse accomplie par #GEN, qui vivra sa dixième édition les 8 et 9 septembre. « La Semaine » vous raconte son histoire. Pas sûr qu’il arrive à l’effacer, même si parfois il voudrait bien. Le chapitre fait partie de l’histoire. Souvenez-vous… C’était en 2020. Tony Parker est annoncé comme la tête d’affiche de la 8e édition de #GEN. La star du basket français annule à la dernière minute. Rebelote en 2021. Toujours au dernier moment. Cet épisode reste en travers de la gorge de Frédéric Schnur, l’un des fondateurs de cet événement. Il illustre pourtant le niveau qu’a atteint #GEN au fil des années. Rien que le fait que Tony Parker ait signifié son accord pour y participer prouve la dimension qu’a prise ce rendez-vous incontournable du numérique. Parker n’est pas venu. Beaucoup d’autres si. Bertrand Piccard, André Manoukian, Alexandre Mars, Jamy, « la plus belle rencontre. Il nous a aidés à porter les courses, il est venu manger avec nous. Un mec vraiment super », se souvient Frédéric Schnur. L’édition qui arrive ce jeudi 8 septembre, la dixième, s’offre la plus belle des têtes d’affiche en la personne de Daniel Susskind, chercheur et économiste du moment. Ses écrits sont décrits par le New York Times comme « lecture obligatoire pour tout candidat potentiel à la présidence qui réfléchit à l’économie du futur ». Ça situe un homme et le niveau des conférences proposées par #GEN. 90 autres « speakers » viennent enrichir cette édition, « la plus dure de toutes », confie Frédéric Schnur. Parce que l’organisation a dû faire face à un paquet de reports, parce qu’elle aussi a subi de plein fouet la crise des ressources humaines que connaissent un certain nombre d’entreprises et plein « d’autres petites choses » qui ont rendu cet anniversaire très difficile à organiser. Mais #GEN s’en sort, #GEN s’en sort toujours. C’est dans son ADN, dans la naissance même de cet événement sur qui, quand il a vu le jour, peu de personnes auraient misé un kopeck.

« On ne voulait pas louper le TGV »

Nous sommes en 2009. Tous les jeudis matin, à Metz, les entrepreneurs de la Tech se retrouvent autour d’un café pour discuter des problématiques de leur domaine d’activité. La pratique est répandue dans le monde entier sous le nom d’Open Coffee Club. Une partie des membres fondateurs de #GEN se trouve dans ce casting de chefs d’entreprise. Frédéric Schnur est l’un d’entre eux. Il vient de créer Tout Metz, un média numérique régional, et endosse la casquette d’entrepreneur en stratégie digitale. L’époque des blogs touche à sa fin, le monde de l’entreprise et celui des collectivités ne sont pas encore éveillés au numérique, les premières adresses gmail commencent à être distribuées en France. Les entrepreneurs de la Tech savent que se présente un virage qu’il ne faut pas louper, aussi important que celui qui avait relayé au second plan le charbon et l’acier. Sauf qu’ils disposent de très peu de moyens de pression. C’est Philippe Buron-Pilâtre, membre du Ceser, patron du Mondial Air Ballons, et Joseph Megna, animateur de l’espace Moselle numérique au Département de la Moselle, qui les poussent à se structurer de manière à être entendus. « De là est née Grand Est Numérique. » Une association au nom prémonitoire.

Frédéric Schnur, l’un des fondateurs et des animateurs de #GEN. Photo DR
Ce Grand Est là (à cette époque la région n’existe pas encore) va de Luxembourg à Bâle, et s’adresse à cet écosystème où s’agitent Metz, Nancy et Strasbourg. À l’époque, 10 000 emplois numériques sont identifiés dans cet espace, l’industrie automobile en compte 12 000. Les premiers sont éparpillés, mal structurés, peu visibles. « Les statuts sont déposés en 2013 », rembobine Frédéric Schnur. « On ne voulait pas louper le TGV. Et puis surtout, on avait tous des gosses et on ne souhaitait pas les priver d’une partie de leur avenir. On ne voulait pas manquer la formation, les entreprises, l’emploi qui allaient forcément naître de cette révolution. » Grand Est Numérique existe, #GEN pas encore. Mais très vite émerge l’idée que pour être connue, l’association a besoin « d’un véhicule événementiel. Pour parler de nos problématiques, mettre en avant des acteurs, rassembler ».

Dans le Top 3 Twitter France

La première édition a lieu en 2013, au Cescom. La Ville de Metz et la Région Lorraine sont déjà partenaires, le Département observe, avec bienveillance. Une journée complète de conférences, huit stands, 200 visiteurs : « C’était pas mal, mais pas assez », raconte Frédéric Schnur. 400 personnes sont rassemblées l’année suivante à l’Enim, 800 pour la troisième édition à Grigy. « Dès la deuxième, l’ensemble des collectivités nous ont suivis mais nous avons toujours voulu une indépendance vis-à-vis d’elles. Cela est passé par des financements privés. Nous ne voulions pas devenir un outil politique », explique Frédéric Schnur. Lorsque la Région Grand Est voit le jour, l’association accepte de regarder à l’Ouest. Des after works sont organisés à Charleville-Mézières, Reims, Troyes, Châlons… Le premier changement de braquet s’opère en 2017 quand #GEN bascule dans le marketing événementiel en faisant de Jérôme Bonaldi l’une de ses têtes d’affiche. Un an plus tard, l’événement entre encore dans une nouvelle galaxie. Le nouveau centre des Congrès de Metz Métropole s’apprête à ouvrir ses portes. #GEN est choisi pour être l’un des rendez-vous de la séquence inaugurale. « Un pari énorme. Nous n’étions plus dans les mêmes budgets, plus dans les mêmes ressources engagées. Il fallait être à la hauteur. On avait une pression énorme. Tout le monde nous disait que l’on n’avait pas le droit de se planter », raconte Frédéric Schnur. #GEN ne se plante pas et entre dans la cour des grands. 3 500 visiteurs y participent. Il est dans le Top 3 Twitter France pendant l’événement qui le fait exister par-delà sa position géographique. L’attractivité devient le mot à la mode, le Graal que cherchent à atteindre toutes les collectivités. Pour cela, #GEN est l’outil parfait. En 2019, il occasionne 2,3 millions d’euros de retombées pour le territoire. Des contrats y sont signés qui se chiffrent parfois en centaines de milliers d’euros. L’événement anticipe des problématiques à venir. À #GEN, on a parlé de cybersécurité, d’e-commerce, de blockchain, de cryptomonnaie bien avant tout le monde. Les dirigeants viennent y chercher les connaissances et les compétences de demain. Bref, #GEN irradie. Et le Covid arrive. Mettant à mal un certain nombre de certitudes, montrant que le numérique est, pour un éventail multiple d’activités, incontournable voire vital. En pleine tempête, #GEN continue d’exister. L’association crée un « référentiel Covid événementiel », salué par la préfecture de Moselle, dont beaucoup de manifestations se sont inspirées. En 2020, il est le premier événement Tech organisé en France. « Vu le contexte, on n’en tire aucune gloire. C’est juste un fait. » Nancy a bien tenté de faire migrer ce rendez-vous sur ses terres. Mais c’est à Metz que #GEN est né et continuera d’écrire son histoire. Pour l’édition 2022, les participants se retrouveront autour du thème du travail. #GEN a mis dans le mille une nouvelle fois. #success story.