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Nancy : comment le photographe Ralph Benoît est devenu meilleur ouvrier de France ?
Le photographe nancéien Ralph Benoît, spécialisé dans le portrait et le travail en studio, a décroché le titre de Meilleur ouvrier de France le mois dernier. Une récompense ultime qui vient couronner les 40 ans de carrière de cet autodidacte.
Le besoin de se rassurer lui vient sûrement de son parcours atypique. Ralph Benoît a longtemps joué avec les vieux appareils photo de son père qui pratiquait en amateur. C’est quand ce dernier ouvre en 1983, il y a pile 40 ans, son magasin Flash One dans cette même rue Saint-Dizier que le déclic a lieu : « Il s’agissait d’un commerce de développement photo en une heure, raconte Ralph Benoît, une vraie révolution à l’époque. Je lui donnais un coup de main pour étalonner les machines, ou m’occuper des produits chimiques. Quand il a ouvert une seconde boutique à Metz, j’en ai pris la tête pendant plusieurs années. » C’est donc par la technique qu’il entre dans la photo, et c’est donc en solo qu’il se formera à la pratique de la prise de vue. Dans le sous-sol de l’immense boutique messine, il installe d’abord un petit studio pour les photos d’identité, jusqu’à ce que des clients fidèles lui demandent de prendre les photos au mariage de leur fille : « Faire des photos lors de ces moments-là me faisait rêver, j’ai donc tout de suite accepté et tout s’est parfaitement déroulé. Après cette première expérience réussie, j’ai naturellement continué dans cette voie. »
En 2007, Ralph Benoît rachète le studio de Bernard Julien, un photographe portraitiste chez qui il aimait passer du temps et prendre des conseils. « C’est un endroit associé à la photo depuis longtemps, c’est un studio depuis 1941 ! », raconte Ralph Benoît tout en se levant pour aller chercher deux photos. Deux portraits en noir et blanc de sa mère, venue dans ce studio dans les années 1950 pour poser devant les objectifs de Bernard Julien. « Regardez ces photos, on a l’impression qu’elles n’ont pas vieilli. C’est la magie du noir et blanc. En couleur, on aurait pu les dater immédiatement. Le noir et blanc les rend éternelles et indémodables, c’est pour ça que je l’adore. »
Dans l’élite des MOF
S’il aime le noir et blanc, Ralph Benoît aime aussi les trois couleurs – bleu, blanc, rouge – qu’il arbore désormais sur son col. Ce fameux col tricolore qu’on a plus l’habitude de voir chez les grands chefs, mais qui vient aussi récompenser les meilleurs artisans dans de nombreux métiers. « Pour moi, la récompense Meilleur ouvrier de France c’était le Graal, le symbole de l’excellence, explique Ralph Benoît. J’en rêvais et cette année je me sentais à la hauteur de l’enjeu, j’ai donc décidé de m’inscrire. » Sur 140 candidats, seuls 40 photographes sont autorisés à concourir pour la compétition finale et neuf décrocheront la médaille. L’épreuve consistait à produire un book de sept photos, en couleur et noir et blanc, sur des thèmes différents avec un cahier des charges très précis. Exemple : « Une photo de mariés, prise à l’heure bleue, mettant en valeur le voile de la mariée », ou « photographier un homme ou une femme à la musculature parfaite en faisant ressortir le physique par la lumière sur fond sombre, en noir et blanc ». Il a par exemple écumé pour cette dernière consigne les salles de sport nancéiennes pour trouver son modèle. « Chacune de ces photos a été un défi, raconte Ralph Benoît. Les essais sont nombreux avant d’arriver au cliché qu’on présentera. »
Quand les résultats tombent quelques mois plus tard, il est prévenu en plein shooting au studio et retarde le moment où il prend connaissance de sa réussite : « C’est un titre que je vais garder toute ma vie, contrairement aux autres récompenses que je remets en jeu régulièrement. J’étais forcément ému, sur un petit nuage. » L’émotion se prolonge lors de la traditionnelle cérémonie de remise du titre ainsi que des vestes au col tricolore, dans le cadre prestigieux de la Sorbonne à la fin du mois de juin.
Le talent au fil des ans
Les années passent et les modèles se succèdent, mais souvent Ralph Benoît savoure le plaisir de retrouver des personnes qu’il a photographiées quelques années auparavant. Comme le week-end dernier, quand pour sa première prestation en tant que MOF, il est allé à Saumur pour photographier une mariée dont il avait réalisé quelques clichés de famille dans son studio, il y a dix ans. « Le photographe continue d’exister dans les mariages. Même si avant, les gens se poussaient pour le laisser passer, et qu’aujourd’hui, il doit se frayer un passage parmi les iPhone et les tablettes. Tout le monde a un appareil photo dans sa poche, mais la plupart de ces photos prises au téléphone n’auront pas d’existence. Pour moi, une photo devient une photo quand elle est sur du papier. » Alors, l’artisan reprend le pas sur l’artiste, et Ralph Benoît retrouve le plaisir du tirage dans son laboratoire. La chimie a été détrônée par l’informatique, mais le talent, lui, reste irremplaçable.
Son livre
« The portrait, miroir de l’âme »
« C’est important de garder les yeux ouverts, de continuer à se documenter. Je lis pas mal de livres sur la photo et je regarde aussi pas mal de vidéos sur YouTube. Quel que soit le sujet, on trouve tout sur YouTube, c’est une source inépuisable. J’ai une affection particulière pour le livre “The portrait, miroir de l’âme” de Louise et Joseph Simonet, deux photographes canadiens très connus pour leurs portraits. Jeune photographe, j’ai dû regarder plus d’une centaine de fois une cassette VHS dans laquelle ils parlaient de leur travail, de leurs techniques, du traitement de la lumière… Ils m’ont beaucoup appris et j’ai eu la chance de les recevoir dans mon studio l’an dernier pour une master class. La qualité de leurs photos est captivante, ils ont fait le portrait de Barack Obama, c’est dire… »
Sa série
« Peaky Blinders »
« Depuis le confinement, nous avons pris goût aux séries, certaines sont à la hauteur des films de cinéma. “Peaky Blinders” en fait partie. Le style, la qualité de la photographie, l’ambiance, l’atmosphère… C’est un régal. Il m’arrive de faire pause et de décortiquer les plans… Au cinéma, j’aime beaucoup les films de Jean Becker, comme “Les Enfants du marais”, qui sont souvent de très beaux portraits d’hommes. »
Son resto
Le Dizneuf
« Avec ma femme, quand on a envie d’aller au restaurant, on n’a pas besoin de se dire où on va… On prend naturellement la direction du Dizneuf (place Henri Mengin à Nancy) ! La cuisine y est simple mais assez originale, avec des produits frais bien travaillés. On a sympathisé avec les patrons et les jeunes qui servent. C’est aussi sympa à l’intérieur en hiver qu’en terrasse. »
Son coin secret
Saint-Brévin
« J’y allais tous les ans enfant, c’est un lieu (en Loire-Atlantique) qui évoque les jours heureux, les vacances avec mes parents qui ne sont plus là aujourd’hui. Mon père avait un bateau, c’était chouette… Je n’y suis pas allé depuis une dizaine d’années mais j’y retournerai avec plaisir pour les souvenirs mais aussi pour les paysages, la cuisine… »