
Double peine
« À l’évidence, il n’a été tiré aucune leçon de la crise sanitaire, du renfort apporté par le secteur et des coopérations exemplaires public-privé qui ont évité que notre système de santé ne s’effondre à ce moment-là », regrette le président de la FHP Grand Est. Une « double peine », selon lui, puisque cette décision empêche d’envisager une revalorisation de la rémunération des personnels soignants. « Ça va mettre en difficulté les négociations annuelles, ce qui va créer des tensions en interne et en externe. » En Grand Est 52 établissements (centres d’urgences, de rééducation, cliniques, maternités, centres de psychiatrie) employant 7 000 salariés relèvent du secteur privé. Ils sont environ 2 000 médecins libéraux à y officier. En l’absence de discussions, l’ensemble des établissements de la Fédération promettent d’engager une « grève totale » à compter du 3 juin. « Aucun nouveau patient ne sera accueilli. Évidemment, ceux qui sont déjà admis en hôpitaux et en clinique ne seront pas mis à la porte. Cette grève se fera dans le respect des patients. Néanmoins, nous n’accepterons aucune nouvelle entrée à l’exception des urgences vitales et soins lourds comme les dialyses, chimiothérapies et soins palliatifs. Nous avons informé l’ARS de ce mouvement, qui s’est rapproché de nous pour en préciser les modalités. Il y a effectivement une inquiétude aux niveaux national et régional qui se fait sentir mais aucune discussion n’a été amorcée avec le ministère », déplore le président de la FHP Grand Est. Le mouvement se poursuivra autant de temps que nécessaire, « selon l’évolution des choses ». « Nous demandons le même traitement que le public. Si nous n’obtenons pas également une revalorisation de 4,3 % nous poursuivrons la grève. » Un mouvement rejoint par les différents syndicats de médecins libéraux.
Anticipation
Si celle-ci est confirmée, le secteur public en souffrira aussi. D’abord parce que le flux de patients non accueillis dans les établissements privés se reportera sur les établissements publics qui auront sûrement du mal à gérer cette vague d’admissions, ensuite parce que, même au sein d’établissements publics, « beaucoup de plateaux techniques, notamment d’imagerie, de radiologie et de laboratoires de biologie, fonctionnant grâce à des médecins et spécialistes libéraux ». « On aura un double effet. » Patrick Wisniewski se veut tout de même rassurant et affirme que des mesures d’anticipations ont été prises. « Nous avons commencé à prendre contact avec nos patients et à les informer, le but n’est pas qu’ils trouvent portes closes en arrivant mais qu’ils puissent anticiper. Puis, on n’arrête pas un établissement de santé du jour au lendemain. » Si la colère est palpable, le président régional espère tout de même ne pas en arriver jusque-là. « Il reste encore un peu de temps, on espère que la situation évoluera d’ici là. Ce serait la pire des choses de devoir en arriver là. Malheureusement, je ne constate aucun signe avant coureur d’une quelconque prise de conscience. »