Nancy Thermal, une menace pour les autres stations en Lorraine ?

Nancy Thermal est la neuvième station dans le Grand Est à obtenir un agrément pour les cures. Que pensent Contrexéville et Bains-les-Bains de l’arrivée de ce nouveau complexe ? Est-ce une concurrence de taille ? Ou un allié indispensable pour le thermalisme ? On ne parle que de ça. Avec près de 100 millions d’euros d’investissement dans cette opération lancée en 2018, l’établissement de Nancy Thermal est le neuvième centre conventionné du Grand Est qui pourra recevoir des curistes. Après Morsbronn-les-Bains, Bourbonne-les-Bains, Niederbronn-les-Bains, le complexe nancéien est le quatrième centre du groupe ValVital implanté dans cette zone géographique. Il est aussi à mi-chemin entre la route thermale des Vosges (Plombières-les-Bains, Contrexéville, Vittel, Bains-les-Bains) et celle de la Moselle (Amnéville-les-Thermes) dont les centres sont tenus par des privés. Dans ce contexte, Nancy Thermal est-il une concurrence de taille dans un marché qui a du mal à se relever de la crise sanitaire ? Pas vraiment, selon Bernard Riac, qui a bâti le deuxième groupe du thermalisme français ValVital : « Notre centre apporte un nouvel élan au bien-être médical. Je rappelle que la crise sanitaire a eu un impact significatif sur la fréquentation de nos établissements en 2020 et 2021. Ces derniers ont été contraints de fermer leurs portes plusieurs semaines d’affilée durant ces deux années. On constate que de nombreuses personnes âgées ne sont pas revenues en cure pensant pouvoir se passer de soins. Nous avons perdu une partie de cette clientèle. Par conséquent, le thermalisme a besoin d’un souffle nouveau pour récupérer la fréquentation d’avant-Covid. Toutes les stations thermales ont un rôle à jouer. Je pense que la véritable concurrence se situe plutôt outre-Rhin, en Allemagne », rassure le président-directeur général.

En effet, la France ne compte que 109 établissements thermaux, contre près de 350 en Allemagne, les plus importants étant situés aux frontières. Depuis son lancement, le service des ventes a déjà enregistré près de 1 500 réservations pour des cures à Nancy. Un début prometteur dont se réjouit Bernard Riac. Toujours est-il que dans le paysage du thermalisme en Grand Est, Nancy Thermal, d’une superficie de 3 700 m² articulés en trois espaces thématiques (santé, bien-être et centre aqualudique), pourrait faire peur. Que pensent les stations de Contrexéville et Bains-les-Bains de l’arrivée de ce nouveau complexe ?

Pas les mêmes services

La station thermale de Bains-les-Bains, dirigée par la Chaîne Thermale du Soleil (20 stations en France), est nichée dans les Vosges à 1h15 de route de la cité ducale. Elle reçoit près de 3 970 curistes à l’année sur deux orientations : la rhumatologie (comme à Nancy) et les maladies cardio-artérielles. Selon la direction, Nancy Thermal n’est pas en compétition avec la structure vosgienne. « Nous ne nous adressons pas au même public. À Bains-les-Bains, la nature, la forêt et l’air pur font partie intégrante de la cure thermale. Nos curistes viennent chercher un ressourcement par le retour au calme, la proximité immédiate de la forêt, la possibilité aussi de passer 18 jours de cure sans avoir besoin de prendre sa voiture. À la différence du centre de Nancy, la cure dans notre commune se poursuit même au-delà du bâtiment thermal, c’est toute la ville qui vit au rythme des curistes et qui s’adapte à leurs besoins. » Est-ce que la venue de Nancy Thermal est une aubaine ? « Le développement de l’activité thermale en France est bien évidemment une bonne nouvelle. Rendre la médecine thermale accessible à tous est une chance. À chaque patient sa station, selon ses pathologies et son mode de vie. En ce sens, les stations thermales se complètent afin d’apporter une réponse de soins adaptée aux besoins de chacun », précise-t-on. Qu’en est-il pour Contrexéville ?

Contrexéville à la relance

François Chalumeau et Laurent Lémond ont repris, en 2018, la station thermale de Contrexéville, l’une des plus « intimes » de France, à 50 minutes de voiture de Nancy. « Nous avons accueilli 833 curistes en 2022. Nous restons une petite station familiale », souligne François Chalumeau. Les Thermes sont spécialisés dans le traitement en cure de la rhumatologie (comme à Nancy), les affections digestives, métaboliques et urinaires. Est-ce que Nancy Thermal fera de l’ombre à Contrexéville ? Là non plus, il n’y a pas de grande chance selon les dirigeants. « Nancy Thermal proposera des cures en ville, avec les contraintes liées (accès, parking, hébergement…). De notre côté, nous proposons des cures à la campagne dans un cadre verdoyant. Je tiens à préciser que nous demeurons un petit établissement familial, donc très différent », avance François Chalumeau, qui emploie 20 salariés à l’année et 25 saisonniers. Est-ce que Nancy Thermal viendra chasser les curistes sur les terres vosgiennes ? Encore une fois, il n’y aura pas de compétition. « C’est une nouvelle offre différente de ce qu’on propose. La communication autour de Nancy et de l’implantation va nous permettre de mieux faire connaître le thermalisme dans notre région. C’est positif. Je reste convaincu que plus la région aura d’offres qualitatives, plus nous attirerons de curistes et les touristes », constate le responsable. Les dirigeants des trois établissements reconnaissent que le thermalisme dans le Grand Est a besoin de se développer parce que son potentiel est « sous-estimé et sous-exploité ». L’union fait donc la force !