Nancy : voie libre pour les travaux du Musée Lorrain ?

Côté juridique, la principale association de défense du patrimoine qui s’est longtemps opposée à l’extension du musée, approuve le nouveau projet et promet de ne plus déposer de recours. Côté chantier, après trois échecs les appels d’offres ont été fructueux. Le conseil municipal de Nancy devrait se prononcer dans le courant du semestre. L’info aurait pu passer sous les radars. Comme un train qui arrive à l’heure. Mais dans ce feuilleton qui dure depuis de nombreuses années, les bonnes nouvelles sont à marquer d’une pierre blanche. Même si on sentait l’horizon s’éclaircir dans le dossier de l’extension-rénovation du Musée lorrain en vieille ville, on le sait dégagé depuis l’annonce officielle faite par la principale association d’opposition au projet initial de ne pas faire de recours contre l’Autorisation de Travaux sur Monuments Historique (ATMH) du Musée Lorrain, demandée par l’actuelle municipalité de Nancy et délivré par le préfet du Grand Est. L’association APRN (association pour le patrimoine et le rayonnement de Nancy) créée en 2018, œuvre depuis ses débuts contre ce qu’elle considère comme des dérives dans le projet de rénovation du musée. Ses recours en justice dès 2018 ont permis de déclarer illégales les premières moutures du projet.

Encouragements sur le bulletin

Arnaud Gérard, président de l’association, était parmi les premiers à s’émouvoir à l’époque d’un projet jugé démesuré : « Nous avions été choqués par ce projet d’énorme bâtiment en verre. On l’aurait vu de partout. Nous avions aussi beaucoup d’inquiétude sur l’ampleur des travaux en sous-sol. » Une inquiétude qui a perduré longtemps, jusqu’à ce que les efforts de communication de la nouvelle municipalité soient salués par l’association. Dans un récent communiqué, l’association APRN, qui laissait toujours planer l’hypothèse d’un recours, tranche enfin : « L’association note qu’un travail de fond a été réalisé avec méthode ces dernières années par l’ensemble des parties concernées pour retravailler le projet initial et pour aboutir à une plus grande cohérence architecturale. » Ça ressemble presque à une appréciation positive d’un professeur sur un bulletin scolaire. Mais le résultat est bien là : encourageant. D’autant qu’en guise de récompense, le communiqué poursuit : « L’APRN qui continuera à suivre avec vigilance ce projet ne portera pas de recours sur cette nouvelle autorisation de travaux. » Arnaud Gérard confirme avoir été rassuré par les précautions prises dans cette nouvelle autorisation de travaux : « Le dossier est très bien ficelé, explique-t-il. Par exemple, tous les détails de la construction, de la démolition, de la restauration sont accompagnés de préconisations très précises de l’architecte de bâtiments de France, de la Drac, des services de l’État et de la ville. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne les matériaux, qui devront être qualitatifs et ne devront pas être modifiés par souci d’économie. » Face à cette promesse de vigilance, les défenseurs du patrimoine sont rassurés. « Tous les éléments que nous avions contestés à l’époque ont été mis sur la table et analysés, poursuit Arnaud Gérard. Le projet est mieux dimensionné avec plus d’harmonie et une mise en valeur des bâtiments anciens. » L’association pense qu’il est temps d’avancer et de lever les blocages : « L’ouverture du musée est essentielle pour Nancy tant du point de vue touristique qu’économique. Nous espérons maintenant qu’aucun autre recours ne viendra ralentir ce mouvement enclenché. »

Derniers verrous

Les regards se tournent forcément vers Françoise Hervé, ancienne conseillère municipale privée de délégation par Laurent Hénart en 2017 pour avoir voté contre l’extension du musée et figure historique de la défense du patrimoine à Nancy. Sa voix est toujours très écoutée et pour le coup elle se montre plutôt tiède : « Pour l’instant, je ne suis toujours pas satisfaite de ce projet, déclare Françoise Hervé. Le montant des travaux a augmenté et je me donne jusqu’à la fin de la concertation prévue à la fin du mois pour étudier la possibilité d’un recours devant le tribunal administratif. » Réelle menace ou ultime baroud d’honneur, il semblerait qu’une fois ce dernier verrou levé, plus rien n’empêchera le nouveau Musée Lorrain d’ouvrir ses portes à l’horizon 2029. À quelques retards de chantiers près…

Les dates clés du chantier :

– 2012 : lancement du concours d’architecture – 2013 : résultat du concours d’architecture – 2016 : première adaptation du projet architectural – Juin 2017 : signature de la convention de cofinancement du projet de rénovation par la Ville, l’État, la Région et le Département – 2018 : fermeture du musée – 2018 : premier appel d’offres infructueux – 2019 : deuxième appel d’offres infructueux – Été 2020 : troisième appel d’offres infructueux – 2020-2021 : reprise des études de maîtrise d’œuvre et adaptation du projet – Décembre 2020 : jugement du tribunal administratif qui juge le projet non conforme au plan de sauvegarde du patrimoine – 2022 : mise à jour du PSMV (Plan de sauvegarde et de mise en valeur) – Juin 2023 : lancement de l’appel d’offres

Les prochaines étapes :

– Premier trimestre 2024 : analyse des offres – Mars-avril 2024 : préparation du chantier – Mai 2024-septembre 2028 : travaux 2025-2026 : fouilles archéologiques – Octobre 2028-octobre 2029 : réceptions des ouvrages, mise en chauffe, installations des collections – D’ici la fin de l’année 2029 : ouverture du musée rénové