Bluffant, toujours pertinent et parfois impertinent, éblouissant, pédagogique et transcendant. En sortant de la basilique Saint-Vincent et en imaginant la suite de ce « parcours du vitrail », vous avez envie d’inviter le monde entier à Metz pour partager la lumière. Une expérience à vivre et à déguster sans retenue jusqu’au 15 novembre… et on fait même le pari que ça ira plus loin !
« Ce n’est pas nous mais c’est bien… » En présentant à la presse jeudi dernier le parcours « vitrail de Metz » qui s’inscrit à la fois dans les rendez-vous de Constellations et les célébrations des 800 ans de la cathédrale de Metz, François Grosdidier a rendu à César et en l’occurrence à Hacène Lekadir même sans le citer, ce qui appartenait à la municipalité précédente. Il a surtout insisté sur la pertinence lumineuse de ce type de démarche s’appuyant sur la culture, le patrimoine et les événements. « C’est demain ce qui fera la différence pour la fréquentation des cœurs de villes où on ne viendra plus seulement pour y faire des achats. » Et c’est Dorothée Rachula, chargée de la valorisation du patrimoine à Metz et commissaire de ce « parcours vitrail » qui en présentera les intervenants, les artistes et les principes. Mais avant d’y arriver, revenons sur l’émotion immédiate ressentie…
Le Napolitain de Lioger
Quartier Saint-Vincent, un jeudi matin encore quelconque. Devant le lycée Fabert, dans la rue transformée en annexe de la cour, les lycéens masqués échangent sereinement par petits groupes. Plus le temps passe et plus je les trouve jeunes. De l’autre côté de la place, en vis-à-vis de la basilique, la rue subtilement créée à travers les différentes époques de l’ancienne manufacture des tabacs ressemble à une tranche de « Napolitain » ou une marjolaine de chez Bise à Talloires. Les époques et les styles y contrastent avec régularité pour mieux s’harmoniser. Tant qu’on est dans l’héritage entre municipalités, on précisera que ça, on le doit à Richard Lioger. Pas la peine de chercher un bistrot dans le quartier pour prendre un café avant la conférence de presse. Même la petite boulangerie de l’angle n’a pas pensé (ou voulu) s’équiper d’une de ces petites machines qui flirtent avec le bon café. Alors entrons dans les voies qui nous sont tracées par le calicot et la porte latérale et découvrons sans plus attendre.Rapport passionnel

Dorothée Rachula et le clin d’œil, en visio-conférence,à l’artiste Elsa Tomkowiak. Photo La Semaine
Et alors, et alors…
Pour l’instant le regard reste polarisé par la nouvelle voûte de lumière sous laquelle nous passons pour atteindre le chœur. François Grosdidier et Dorothée Rachula y officient face à l’autel… et aux sièges des journalistes. Le maire de Metz dit son admiration pour le parcours et sa détermination à jouer toutes les cartes de la lumière au profit de Metz. La commissaire explique les différents niveaux de perception et d’animation proposés ainsi que tout l’environnement créé autour de ce rendez-vous. Les six étapes du parcours sont situées dans des églises, dont la cathédrale de Metz, mais pour autant, et sans renier cette symbolique surtout l’année des 800 ans de Saint-Etienne, cette déambulation « n’a pas de propos à proprement parler religieux », précise Dorothée Rachula. Le thème qui est au cœur des étapes est celui de la représentation par l’art du vitrail. Il se trouve étayé à chaque fois par une vidéo de trois à quatre minutes. S’y ajoute simplement (ou sublimement), dans les deux églises Saint-Vincent et Saint-Maximin ainsi que dans la cathédrale une création ou une installation. Mais revenons aux vidéos. Les séquences « histoires de verre » que l’on peut découvrir sur un pupitre spécialement (et discrètement) aménagé sont signées Elsa Soibinet et Guillaume Leprévost. Elles sont aussi accessibles sur l’application « Histoires de Metz » ce qui apporte une belle souplesse. Joliment rythmées, avec une dose d’humour et une utilisation pertinente des logiciels d’animation graphique, elles font le choix de raconter une histoire bien précise liée à un personnage des vitraux de l’église. A Saint-Vincent on vous illustre comment Lucie, de Syracuse jusqu’au paradis, en a vu de toutes les couleurs avant de devenir sainte. Comment elle a dû subir les foudres des hommes, des princes et de la « maîtresse du lupanar » avant de découvrir le moyen de « mourir sereinement ». Le tout est rythmé en séquences ponctuées par la reprise, en chœur volontairement dissonant, de la question « mais que faire devant une telle situation ? ». Un peu sur l’air du « et alors, et alors… » du Zorro de Henri Salvador. Sympa et instructif pour tous les âges.Le bleu de Cocteau

à Jean Cocteau. Photo La Semaine