Les mots sont précis et la voix garde un côté juvénile. Quand Philippe Starck pose son regard, son crayon, son attention et ses mots sur un sujet, l’objet devient pensée. S’il évoque régulièrement sa vie en l’air entre New York et Singapour, il n’a pas pour autant le blues du businessman. Pas de Starmania ni de Starckmania. Oui il est un artiste et se déclare plutôt heureux du rythme effréné de ses créations, des contacts qu’ils impliquent. Une hauteur qui lui permet de n’être sensible qu’à l’essentiel des choses, ou du moins d’être moins « parasité par les convenances souvent véhiculées par les petites sphères ».
Quand on lui demande s’il a le sentiment d’être devenu intemporel ou même immortel, il réfute les deux termes puis effleure l’intemporalité en ce sens, qu’elle est un rejet de l’éphémère programmé et souvent irrespectueux : « la transmission et l’héritage étaient des notions démodées mais elles redeviennent urgentes ». Immortel, non ! « Je refuse les expositions, je ne rentre pas dans les formats qui s’inscrivent dans l’histoire. Ce qui m’intéresse c’est de savoir si j’ai bien fait mon travail de mon vivant au service des vivants ». Et puis, il y a cette conviction que le meilleur est à encore à venir, à créer, par lui et ceux qui lui succèderont.
C’est cette escapade au pays et dans l’œuvre de Philippe Starck que nous vous inviterons à effectuer plus longuement dans notre supplément Design du mois de mars. Pour l’heure nous vous proposons, extraites d’une interview réalisée vendredi dernier à Pompidou, ces quelques réponses liées aux voyages et à l’hôtellerie en général. Aux villes dans leurs racines et à Metz en particulier. Normal le jour où il venait dévoiler l’esprit et la matière du premier hôtel Starck intégral qu’il conçoit en France depuis un terrain nu.
Malgré quelques pied-à-terre judicieusement disséminés vous êtes un gros utilisateur d’hôtels à travers le monde. Quel est, pour Philippe Starck en tant que client, l’hôtel idéal ?
P.S. : Il est vrai que ma femme et moi-même sommes affreusement consommateurs d’hôtels. L’hôtel idéal est un lieu qui se fait oublier en tant qu’hôtel. A contrario de ce que l’on dit souvent, c’est triste de voyager. On est loin de ses codes, de ses racines, de sa famille… la première chose dont on a besoin c’est de la rassurance. Cette sensation d’être entre amis même loin de chez soi.
Pour ce qui est de la technique, l’hôtel idéal c’est un bon oreiller, de bons draps, un bon matelas, une lumière agréable au réveil, une bonne douche avec la bonne pression, un service fiable. Cela n’implique en aucun cas un luxe mais de la tendresse et de l’intelligence.