Politique : il y a 26 ans, la Grande Région organisait son premier sommet

Le 20 septembre 1995, les représentants de ce que l’on appelait encore la région « Saar-Lor-Lux » se réunissaient à l’occasion du 1er Sommet de la Grande Région, à Mondorf-les-Bains, avec pour ambition de renforcer « le rôle de précurseur d’une Europe unifiée » qu’incarnait l’espace transfrontalier. 26 ans plus tard, certains grands dossiers restent d’actualité, d’autres, alors passés sous silence, sont devenus prioritaires. En matière d’économie, la priorité du 1er Sommet de la Grande Région était de favoriser « une forte interpénétration de l’espace économique » en activant toute une série de leviers comme la suppression des entraves administratives – fut un temps, c’était la priorité absolue –, le développement d’équipements transfrontaliers communs ou bien encore le développement des nouveaux outils de communication. Pour rappel, à cette époque, le grand public commençait seulement à découvrir Internet. Internet qu’il importait alors de soutenir car ces nouveaux réseaux « pourraient notamment favoriser le développement des PME dans une économie à l’échelle mondiale, la mise en réseau des universités de la Grande Région, le développement de programmes de téléenseignement ». Dans le domaine de la mobilité, les participants au Sommet insistaient sur l’importance de la réalisation rapide et complète de la liaison à grande vitesse TGV Est européen de Paris-Nancy-Metz « avec la mise en œuvre équivalente des branches vers Sarrebruck-Kaiserslautern-Mannheim, vers Strasbourg-Stuttgart et vers Luxembourg ». Le doublement de l’autoroute A31 bis (Toul-frontière luxembourgeoise) était aussi un projet capital. En matière d’éducation/formation, le focus était mis sur les langues. « Tous les efforts seront entrepris de manière à ce que les générations présentes et futures d’écoliers parviennent à maîtriser la langue du voisin », précise la déclaration commune.

Avec le recul…

Certaines ambitions – la liste n’est pas exhaustive – font aujourd’hui sourire. D’autres un peu moins. La lenteur avec laquelle progresse le dossier de l’A31 a de quoi irriter. Le bilinguisme, à l’école, qui est unanimement présenté comme de toute première importance, et cela depuis 26 ans – cela figure encore dans les priorités du 18e Sommet –, est loin d’être une réalité. Le recul permet surtout de constater combien le monde a changé en un quart de siècle sur le plan technologique mais également en termes de préoccupations. En 1995, l’environnement, par exemple, ne faisait pas partie des priorités de la Grande Région. Une seule ligne lui est consacrée dans le compte rendu du 1er Sommet et cela pour préciser que le sujet sera largement abordé lors du Sommet suivant. Il n’en a rien été. Il faudra en fait attendre celui de 1998 qui sera effectivement amplement consacré au « développement écologique et durable ». « Une expression qui exprime l’idée que le développement économique ne doit pas être lié à la consommation de plus de ressources que celles existantes ou aptes à se régénérer », précisaient d’ailleurs les documents de l’époque, histoire que tout le monde comprenne bien les enjeux. La Grande Région n’était pas pour autant déconnectée des réalités. Ce n’est qu’à partir de 1993, avec le Traité de Maastricht, que la politique environnementale européenne a commencé à (véritablement) se « dessiner ».