
De nombreux bénéfices
Les biomolécules étant extraites d’organismes vivants, des études ont ainsi été menées sur la truffe (pour lutter contre les cancers), les algues, le chanvre ou bien encore le houblon, pour ne citer que quelques exemples. En sachant que la démarche vise à valoriser ce qui ne l’est pas (encore). Pour le houblon, par exemple, ce ne sont pas les cônes destinés à aromatiser la bière qui sont exploités mais les déchets agricoles. Avec quels résultats ? « Impact Biomolécules est un projet qui s’est déroulé entre 2017 et 2021 ce qui est court au regard du processus qu’il faut respecter avant la mise sur le marché d’une nouvelle biomolécule. Néanmoins, il y a des résultats très prometteurs. Deux produits devraient être commercialisés prochainement et six brevets ont déjà été déposés. Les industriels sont au travail pour les exploiter », confie le professeur. Les bénéfices ne sont pas que sanitaires. Impact Biomolécules a aussi conforté les collaborations internationales. Un partenariat a notamment été noué avec Kuytech, l’Institut de Technologies de Kyushu au Japon. Stéphane Desobry a récemment présenté au Japon ses recherches dans le domaine de l’encapsulation de biomolécules puisqu’il importe de veiller aussi à ce que les biomolécules puissent circuler dans le corps et les organes pour arriver là où elles seront efficaces. Dans un registre plus économique, des start-ups ont également éclos et collaborent avec des industriels, dans le domaine des cosmétiques, par exemple.
La Fédération The One Bioeconomy est lancée
« Impact Biomolécules, nous permet désormais d’embrayer sur un projet plus ambitieux encore avec la création de ‘The One Bioeconomy’ », précise le chercheur du LiBio. Portée par l’Université de Lorraine, AgroParisTech, et l’Université de Reims Champagne-Ardenne, en collaboration avec de nombreux partenaires (INRAE, CNRS…), cette « fédération » entend rassembler tous les acteurs publics et privés du territoire régional intervenant dans le domaine de la bioéconomie, pour initier des projets et des formations innovantes. Elle a pour objectif de participer au développement d’une économie plus vertueuse pour l’environnement, autrement dit d’accompagner le territoire régional dans les transitions environnementale, énergétique et sociétale en s’appuyant sur une transformation intelligente des ressources naturelles. « La bioéconomie, c’est l’économie de demain », résume Stéphane Desobry « le Grand Est étant un territoire forestier et agricole de premier plan, l’un des axes de travail consiste à mieux valoriser les déchets générés, localement, par l’activité agricole ou sylvicole. Au-delà de favoriser l’émergence de nouvelles filières économiques qui s’accompagneront de créations d’emplois, cela va aussi permettre de diversifier les revenus des exploitants ».
Un partenaire privilégié en Europe
Comme pour le projet Impact Biomolécules, les connexions entre les laboratoires et les industriels sont multiples afin d’optimiser l’élaboration et la commercialisation de nouveaux produits. Des projets sont déjà initiés dans le domaine des biomatériaux avec, à la clé, des applications dans des secteurs d’activités comme l’automobile ou l’agro-alimentaire, par exemple. Bien entendu, la recherche sur les biomolécules figure au programme. Un programme interdisciplinaire (2024-32) réunissant 22 laboratoires de LUE et 21 industriels, est d’ores et déjà activé. « Depuis 5 ans, on a mis les bouchées doubles dans ce domaine. De nombreuses structures ont été créées, nous avons obtenu des résultats et collaborons avec une trentaine de partenaires, à l’échelon international. Les atouts sont réunis pour nous imposer comme le partenaire privilégié en Europe, sur cette thématique », conclut Stéphane Desobry.