Censure du gouvernement Barnier : les réactions des élus en Lorraine

Suite au renversement du gouvernement de Michel Barnier par la motion de censure déposée par le Nouveau Front populaire, plusieurs élus de Meurthe-et-Moselle et de Moselle ont fait part de leur colère quant à la situation politique nationale. Certains députés ont choisi de ne pas voter en faveur de la motion de la gauche, d’autres appellent à l’alternance.

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Le renversement du gouvernement de Michel Barnier vient bouleverser cette année politique déjà très particulière. Alors que deux personnalités locales avaient déjà fait savoir leur positionnement quant au vote ou non des deux motions de censures déposées, d’autres réactions, ont rapidement suivi parmi les élus Lorrains.

Armel Chabane (LR), vice-président du conseil départemental de la Moselle, s’est contenté d’un courrier court mais incisif, intitulé « Coup de gueule d’un (modeste) élu local ». Il dénonce le « cirque pitoyable » et le « foutoir » qui se joue dans les sphères nationales de la politique. Le maire de Bouzonville accuse les élus nationaux de « [précipiter] la France dans le chaos » et leur invite à prendre exemple sur leurs homologues locaux. « Nous, au niveau local, nous travaillons avec pragmatisme et sincérité, pour l’intérêt général, pour nos territoires, pour nos habitants, et pour le bien de notre Nation. Mesdames et Messieurs les politiques nationaux : prenez exemple sur ce que nous faisons dans les territoires et ressaisissez-vous ! »

Moyen de « déstabilisation »

De son côté le député de Moselle Belkhir Belhaddad (Ensemble) a choisi de ne pas voter en faveur de ces motions de censure, même s’il admet avoir eu « des désaccords profonds avec la politique menée par Michel Barnier ». Selon lui, cette « censure du gouvernement par les extrêmes » est un moyen de « déstabilisation de nos institutions » pour les uns, et pour « faire passer au second plan les ennuis judiciaires de Marine Le Pen » pour les autres. Il alerte également sur ce coup d’arrêt mis au vote du budget 2025 qui aura « des conséquences très graves », évoquant notamment les agriculteurs « en attente de mesures d’accompagnement prévues dans les textes financiers », aux chefs d’entreprise qui « redoutent la crise économique qui pourrait succéder à la crise politique », ou encore les Français « des classes populaires et moyennes » qui sont « les premiers à payer le prix des crises ».

Un choix qu’a également préféré le député de Meurthe-et-Moselle Thibault Bazin (LR) qui « déplore » la censure du gouvernement à trois semaines de Noël, « privant la France d’un budget de la sécurité sociale pour 2025 ». En effet, l’élu affirme qu’il aurait mieux valu disposer d’un budget « même imparfait ». « Face à l’instabilité gouvernementale générée par cette censure, et l’absence de majorité parlementaire cohérente pour un projet alternatif, la France se retrouve dans une situation périlleuse. J’entends avec beaucoup de gravité les inquiétudes des concitoyens, des entreprises et des acteurs publics de ma circonscription. Il nous faut y répondre », alarme-t-il.

Vers un « accord républicain » ?

Alors que le Premier ministre présente aujourd’hui, jeudi 5 décembre, sa démission ainsi que celle de son gouvernement au chef de l’État, Belkhir Belhaddad plaide pour une « alliance de programme » regroupant « à gauche, les sociaux-démocrates, les socialistes, communistes, écologistes, le centre, jusqu’à la droite sociale et républicaine ». Un point de vue sur lequel le rejoint le député de Meurthe-et-Moselle Dominique Potier, qui a, contrairement à son homologue mosellan, voté en faveur de la motion déposée par la gauche, plaidant également en faveur d’un « accord républicain » avec « avec l’ensemble des formations politiques qui aspirent à la stabilité ».

La présidente du Département de Meurthe-et-Moselle Chaynesse Khirouni (PS), quant à elle, reste sur ses positons, affirmant que c’est à « une personnalité de gauche et écologiste » d’endosser ce rôle, n’hésitant pas à rappeler les résultats des dernières élections législatives de ce mois de juin qui avaient placé l’alliance du Nouveau Front Populaire en tête. « Ignorer la coalition des forces de gauche et écologistes et s’enfermer dans un tête-à-tête avec l’extrême droite, tel est le piège qui se referme aujourd’hui sur le gouvernement », écrit-elle dans un post Facebook.

Incertitudes locales

Parallèlement, les élus écologistes de la Région Grand Est Éliane Romanie et Lou Noirclere ont adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron, lui demandant de reporter le vote du budget primitif 2025 de la Région pour lequel ils doivent se prononcer le 12 décembre. Ces remous politiques au niveau national ne sont en effet pas sans conséquences sur les échelons inférieurs, et les deux élus tiennent à le rappeler. « Les rapports budgétaires, tels qu’ils nous ont été présentés en commissions en début de semaine, sont flous : ils s’appuient parfois sur le projet de loi de finances porté par le gouvernement démissionnaire, parfois sur de nouvelles recettes, certes souhaitables, mais parfaitement hypothétiques. […] Voter un budget alors que nous ne connaissons ni les détails de la Loi de Finance Initiale de l’État, ni les orientations politiques du gouvernement qui l’appliquera est dépourvu de tout bon sens », écrivent-ils dans un courrier commun.