Cela fait désormais plus de 20 ans que l’Agence nationale de la rénovation urbaine était créée à l’initiative de Jean-Louis Borloo. Mais il reste à faire pour la rénovation urbaine des grandes villes et des villes moyennes, estiment plusieurs maires et présidents d’intercommunalités. Le maire de Forbach, Alexandre Cassaro, est à l’initiative d’une tribune publiée dans le quotidien Les Echos, jeudi 9 janvier 2025, réunissant plusieurs élus qui réclament « un choc de simplification » et surtout une poursuite de l’ANRU dans un troisième volet après ceux de 2004 et 2014. Ce texte réunit 60 maires de grande et moyennes communes et est rédigé à l’attention du nouveau gouvernement et des décideurs publics. « Tout est parti d’une expérience de terrain. Nous avon constaté que la rénovation urbaine est encore nécessaire pour nos politiques de la ville et que si toute la classe politique n’y est pas favorable, il nous semble nécessaire que les missions de l’ANRU se poursuivent à l’avenir », précise Alexandre Cassaro à La Semaine.
Pour cette troisième mouture de l’ANRU, les élus souhaiteraient donc un modèle administrativement simplifié. « La comitologie est trop complexe, et ralentit beaucoup trop les circuits décisionnels et empêchent les élus locaux de réagir rapidement », indique le maire (LR) de Forbach. Dans leur tribune, les maires prennent l’exemple du programme Action Coeur de Ville, plus souple à leurs yeux : « Le fonctionnement en bottom up d’Action Cœur de Ville a fait ses preuves : l’élu local est à l’initiative des projets, il est en lien direct avec les partenaires de la collectivité, il réunit les acteurs du dispositif pour définir les grands axes du programme. Sur le volet de l’habitat, les collectivités et les bailleurs savent travailler dans un climat de confiance et connaissent suffisamment bien les besoins des habitants pour coconstruire un plan de rénovation qui améliore le cadre de vie et renforce l’attractivité du territoire »
« Un assouplissement de règles »
Plutôt que l’interventionnisme de l’Etat, les élus préfèreraient miser sur « le couple Maire-Préfet ou Maire–Sous-Préfet », selon eux « tout à fait en capacité de piloter, sans interférences, le programme de rénovation urbaine d’une Ville ou d’une Intercommunalité ».
Alexandre Cassaro de poursuivre : « Ce que nous souhaitons, c’est que l’ANRU 3 soit construit avec nous, car nous connaissons bien les besoins des habitants et des territoires. Il faut un assouplissement des règles car on ne peut pas avoir la même approche pour une ville de banlieue, une ville moyenne de province ou une grande métropole ».
L’ancien ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires, Christophe Béchu, avait commandé un rapport à la directrice générale de l’Anru, Anne-Claire Mialot, au maire PS de Villeurbanne, Cédric van Styvendael, et au haut-fonctionnaire Jean-Martin Delorme, sur l’avenir du renouvellement urbain. « Il n’a pas encore été remis, indique Alexandre Cassaro. Nous espérons pouvoir intervenir dans l’élaboration de la politique de rénovation urbaine à l’avenir. Et surtout, nous souhaitons que l’ANRU ne soit pas sacrifié sur l’autel des coupes budgétaires. D’autant que nous ne demandons pas forcément plus de moyens mais un assouplissement des règles ».
Plusieurs maires lorrains ont signé cette tribune. Outre Alexandre Cassaro, on y retrouve notamment François Grosdidier, maire de Metz et président de l’Eurométropole de Metz, Laurent Garcia, maire de Laxou, Christophe Choserot, maire de Maxéville, Patrice Donati, maire de Vandoeuvre-lès-Nancy, Gérard Didelot, maire d’Herserange, Pierre Cuny, maire de Thionville et président de la communauté d’agglomération (CA) des Portes de France-Thionville, Pierre Lang, maire de Freyming et président de la communauté de communes de Freyming-Merlebach, Cédric Gouth, maire de Woippy et Jean-Claude Hehn, maire d’Asting et président de la CA Forbach-Porte de France.