Politique

Le billet de Pierre Taribo. Législatives : un pays en deuil de lui-même

Que dire après le premier tour des élections législatives de ce 30 juin ? Que nous sommes affligés de voir ce pays en en deuil de lui-même, chercher son salut dans un vote en faveur du Rassemblement national. Retrouvez l'humeur de notre éditorialiste Pierre Taribo. 

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Par Pierre Taribo
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© La Semaine
Que dire après le premier tour des élections législatives de ce 30 juin ? Que nous sommes affligés de voir ce pays en deuil de lui-même, chercher son salut dans un vote en faveur du Rassemblement national. Retrouvez l’humeur de notre éditorialiste Pierre Taribo.  Ne confondons pas tout. Ce n’est pas le vote des citoyens ayant fait ce choix qui risque de fouler aux pieds nos valeurs et notre histoire. Ce qui est dangereux, c’est ce que véhicule un parti qui veut faire le tri entre les citoyens et déchirer davantage la société. Ce qui est intolérable, c’est la bouffonnerie d’un processus politique qui a conduit à la dissolution et provoqué des réactions en chaîne dont la moindre n’est pas la situation qui propulse le RN sur le seuil du pouvoir. Ce qui est irrecevable, ce sont les contorsions du camp macroniste, l’ambiguïté de ses positions en cas de triangulaire mettant l’un de ses candidats en confrontation avec ceux du RN et du Nouveau Front populaire. Comme si le « ni, ni » était une option responsable. Ce qui est incontestable c’est la défaite du camp présidentiel qui dans la hiérarchie du pire s’est dissous dans un paysage politique chamboulé où la France des territoires est convaincue qu’il y a un gouffre entre ceux qui décident et ceux qui subissent. Alors poussons plus avant l’analyse et projetons-nous vers le deuxième tour. Ce qui est souhaitable, c’est un mouvement collectif exceptionnel de tous les démocrates, l’obligation de changer d’état d’esprit, la volonté de ne plus songer à sa boutique ou à un poste éventuel, de créer un sursaut rare, une sorte de moment fusionnel qui fait l’histoire et empêche qu’un épais brouillard tombe sur le pays. Durant l’entre-deux tours, un débat très important va s’instaurer. Évidemment Marine Le Pen et Jordan Bardella vont dénoncer le caractère hybride d’un front républicain allant des macronistes sensés jusqu’à la France Insoumise. La réponse à leur donner s’impose d’elle-même. Oui, Jean-Luc Mélenchon et quelques-uns de ses proches rendent plus complexe la démarche d’union, dérangent, voire révulsent, mais n’oublions pas d’évaluer ce que représentent les sociaux-démocrates qui tous ne baisseront pas leur froc devant le leader de LFI. Ce qui s’impose, c’est de gérer intelligemment les temps d’émotion qui nous étourdissent sur le coup et nous font repartir afin de donner de la force à l’engagement démocratique. On ne va pas tomber dans l’image du genre « entrer en résistance ». Non, ayons conscience de l’impact du vote du 7 juillet et l’obligation morale qui en découle. À chacun de choisir. Nous, c’est fait !