Ne cherchez plus, il est là le Lorrain de l’histoire. Certes, Nicolas Pernot, 62 ans, n’est pas lorrain ni membre du gouvernement mais il est le nouveau bras droit de François Bayrou, un peu lorrain quand même puisqu’il est depuis 2018, le directeur des services de la Région Grand Est. Un homme de l’ombre, comme on dit dans les milieux politiques. Discret et efficace, comme le veut la profession. Si la Région tient la route en dépit de la difficulté de sa constitution, c’est sans doute en partie grâce à lui. Trois anciennes entités (Alsace, Lorraine, Champagne-Ardenne) qu’il faut réunir en une seule administration, une seule communauté de vie politique, économique et sociale : ce n’est pas une mince affaire.
C’est lui qu’avait choisi Jean Rottner pour l’accompagner sur sa route quand il est devenu président de la Région à la suite de Philippe Richert. Nicolas Pernot, né à Caen, diplômé de Sciences Po Paris et de l’Essec Business School, spécialiste des collectivités, qui a, entre autres, été chef de cabinet de François Bayrou quand il était ministre de l’Éducation nationale entre 1995-1997, directeur général adjoint du conseil général des Pyrénées-Atlantiques (1998-2002) et directeur général des services (2007-2013) de la ville du Havre. « Il y a des hommes qui savent garder le cap en pleine tempête. Nicolas, lui, trace des routes là où d’autres ne voient que des vagues. Haut fonctionnaire ancré dans les territoires, bâtisseur discret mais déterminé, il comprend les réalités du terrain et les enjeux humains. Lorsqu’il était directeur général des services de la Région Grand Est, il transformait chaque difficulté en opportunité, chaque crise en occasion de fédérer. Depuis mon départ de la vie publique, ne plus travailler avec lui reste un vrai regret. Sa nomination est bien plus qu’un titre : c’est la reconnaissance d’un homme de conviction et d’action. Quelqu’un qui sait écouter, rassembler… et dire non quand l’essentiel est en jeu. Un choix évident. Une force tranquille », écrit l’ancien président de la Région. Des mots qui font écho à ceux choisis par son successeur, Franck Leroy.
« Ensemble, nous avons porté des projets ambitieux, renforcé la coopération entre nos collectivités et affirmé l’importance du fait régional dans les politiques publiques. Sa nouvelle responsabilité est aussi un signe donné aux collectivités territoriales dans la construction des politiques nationales. Le dialogue entre l’État et les territoires est plus que jamais crucial, Nicolas saura contribuer à renforcer cette relation indispensable », a écrit Franck Leroy. Ce dernier avait fait le choix de conserver le directeur général des services de Jean Rottner, preuve sans doute de son efficacité. Preuve aussi que l’ancien maire de Mulhouse avait su s’entourer d’un personnel de haut calibre confiant son administration à Nicolas Pernot et son cabinet à Alexandre Mora, parti en 2023 prendre le poste de directeur développement et commerce France de Transdev. Quand d’autres ici ou là se targuent de s’entourer de personnalités d’envergure nationale, Jean Rottner en avait fait une de ses réalités. La destinée de ce duo lui donne sans doute raison.
Dans une interview au Figaro, Nicolas Pernot a dit vouloir « réconcilier l’énergie des collectivités et l’ambition de l’État ». Très égoïstement, on se dit aussi que c’est pas mal pour le Grand Est d’avoir un homme proche du pouvoir qui connaît très bien les particularités et les attentes de cette Région.