
Les chantiers doivent se lancer
C’est cette direction que suit et que doit continuer à suivre le Département aux dires de son président. Hier, un plan d’urgence doté de 48,2 millions d’euros, 24 000 chèques « Je kiffe la Moselle » distribués à des collégiens pour découvrir gratuitement le patrimoine culturel mosellan et soutenir le secteur touristique, près de 300 étudiants impliqués dans l’opération « Jobs d’été », 60 000 bons d’achat glissés dans la poche des bénéficiaires du RSA, notamment, pour la consommation de produits issus des circuits courts. Hier encore, un plan pluriannuel (2021-2025) de relance fléché à hauteur de 342 millions d’euros. Dont 125 millions à destination du dispositif Ambition Moselle, qui « permet aux collectivités de préparer leurs dossiers sans formalisme excessif, favorisant ainsi une instruction rapide de leurs demandes ». 32 projets, pour plus de 14 millions d’euros de travaux et 2,44 millions de subventions, ont été validés, attendant maintenant une traduction concrète. Et il y a urgence, à en croire Patrick Weiten, qui en appelle aux maires et présidents d’établissements publics de coopération intercommunale (EPCI). Les chantiers doivent se lancer, « dès le premier trimestre 2021 », « pour que les carnets de commandes des entreprises profitent de l’action publique au service de l’aménagement et de l’équipement du territoire ».
« La solidarité, notre cœur de métier »
En Moselle, l’engagement pour l’emploi des personnes handicapés, c’est toute l’année ! En 2020, nous dépassons de plus de 25% nos obligations légales. pic.twitter.com/G3Ux826Srh
— Patrick Weiten (@PWeiten) November 20, 2020
Hier, donc, et demain ? C’est tout l’objet du travail abattu cette semaine par les élus du conseil départemental. Sur la table de leurs réflexions, 17 rapports, dont celui d’orientations budgétaires 2021. Une projection estimée à 953,8 millions d’euros – dont 767,5 M€ pour le fonctionnement, 134,4 M€ pour l’investissement hors dette –, soit une hausse de 3,14% par rapport à 2020. Ce budget, insiste Patrick Weiten, sera avant tout au service de « la solidarité, notre cœur de métier ». Derrière son propos, des remontées du terrain qui, devine-t-on, lui tordent les tripes : « Une augmentation du nombre de bénéficiaires du RSA va nous arriver en deuxième rideau, avec un public plutôt jeune, des 18-25 ans en situation de précarité. Parmi eux, des bac +2, +3 voire +5 ne parviennent pas à rejoindre le marché de l’emploi. Il faut accroître notre aide à ces publics fragilisés, aux seniors, aux personnes en situation de handicap, aux étudiants, au domaine de la protection de l’enfance aussi. Nous le ferons, à travers un plan nommé “Moselle Espoir”, car la situation sociale ne va cesser de se dégrader. » Un obstacle, de taille, se dresse pourtant devant Patrick Weiten. En 2021, les Départements n’auront plus de « fiscalité dynamique » et « la disparition du produit de la taxe foncière sur les propriétés bâties », dont hériteront les communes, ne sera pas compensée par « la fraction de la TVA » promise par l’État. « Je me suis toujours insurgé contre cette mesure, tempête le président, en soulignant l’incertitude financière dans laquelle elle nous mettrait. » Face au « flou », face à la crainte qu’il « manque quelque chose dans les budgets », Patrick Weiten promet « rigueur de gestion » et « programme d’investissement ambitieux » pour défendre l’économie de proximité autant que la notion même de département. Un échelon essentiel, selon lui, à la bonne marche du pays. « Encore plus » essentiel en ces temps de crise(s).
« Ce qui est bon pour l’Alsace le sera pour la Moselle » Il s’est autorisé un petit « cavalier » dans son discours d’ouverture de la session du conseil départemental, lundi. Pour se prononcer à nouveau en faveur d’un report des élections départementales et régionales de 2021. Pour s’interroger à voix haute, surtout, sur « l’avenir et l’évolution de notre Région Grand Est ». Patrick Weiten, en effet, s’étonne de « l’opacité qui règne sur le dossier » de la Collectivité européenne d’Alsace (CEA), une fusion des départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin effective au 1er janvier prochain. « Quelles seront les conséquences de la création de la CEA sur l’organisation régionale ? », se demande le président du Département de la Moselle. Lui, observe que « les périmètres de plusieurs ligues sportives régionales n’incluent déjà plus le territoire alsacien en leur sein ». Il sait également que l’Alsace a été placée « hors du champ d’intervention » de l’Établissement public foncier de Lorraine (EPFL), dont le rayonnement, pourtant, vient de « s’adapter à celui du Grand Est ». « Quelles seront les autres conséquences sur les politiques touristique, économique, transfrontalière, culturelle, sportive, sociale, structurelle et opérationnelle ? Est-ce à dire que l’entité régionale pourrait être remise en cause dossier par dossier ? » Cette CEA sert en tout cas les revendications de Patrick Weiten, qui avait réclamé à l’État davantage d’autonomie, de pouvoirs, ce qu’il nomme « un droit à la différenciation ». Après, pensait-il, avoir été entendu, « aujourd’hui, plus de son, plus d’image ». Pourtant, jure-t-il, « ce qui est bon pour l’Alsace le sera pour la Moselle ».