Thionville. Démocratie participative : y a-t-il une bonne recette ?

La fédération française des villages et villes sages a choisi Thionville, du 21 au 23 novembre dernier, pour phosphorer sur la démocratie participative. Depuis 2022, Thionville est intégrée au réseau national en développant un conseil des sages. Une idée parmi tant d’autres.

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La démocratie participative, tout le monde s’en saisit. Les municipalités de gauche comme de droite. Et chacune a sa manière de la faire émerger. Pour les uns, elle se traduit par une meilleure information propice à l’échange lors des réunions publiques, pour d’autres par la réouverture des mairies de quartier ou des visites régulières dans les quartiers, ou encore par une invitation à dîner directement chez l’habitant. Enfin, il y a ceux qui considèrent qu’il faut laisser une place aux citoyens dans des comités consultatifs afin de connaître leur avis et bénéficier de leur expérience. Bref, on tâtonne. On identifie quelle option fonctionne et pour qui.

À Thionville, on a pris le pari d’essayer beaucoup de choses. L’équipe municipale de Pierre Cuny ayant fait de ce sujet un élément de campagne affirmé, un service dédié a été créé. Puis, il a fallu réfléchir aux moyens de laisser une place aux habitants. La première option a consisté à installer des référents dans les quartiers ainsi qu’un cahier de démocratie participative. Une fois la pandémie dissipée, de nouvelles instances citoyennes ont vu le jour.

Trois instances représentatives

Le conseil municipal des jeunes (CMJ) était installé depuis trois mandats, mais il n’existait pas de formule identique pour les aînés, alors la Ville a souhaité s’inscrire dans le réseau de la fédération française des villages et villes sages, créant en 2022, son propre conseil des sages. Composé d’une trentaine de membres [une quinzaine est sur liste d’attente], il a déjà travaillé sur diverses thématiques en lien avec d’autres instances, potassant le problème de harcèlement ou l’intérêt de la tenue scolaire avec le CMJ et la trame noire aux côtés du Comité de la transition écologique (CTE), une autre structure participative qui a émergé sous le mandat de Pierre Cuny.

Toutes ces structures procèdent de la même manière, elles s’autosaisissent d’un sujet et répondent à une demande émanant du maire ou de la population. « Les membres vont sur le terrain, interrogent tous les acteurs possibles du sujet et apportent un retour objectif avec des éléments factuels », détaille Carol Thil, l’adjointe à la démocratie participative à la mairie de Thionville.

La fédération française des villages et villes sages était à Thionville [avec 43 000 habitants, elle est la plus grande ville du réseau] du 21 au 23 novembre pour tirer, elle aussi, le bilan des actions menées à l’échelle nationale. L’objectif ? Faire le point sur ce qui a fonctionné, sur ce qui peut être amélioré et transposer à d’autres territoires mais aussi s’intéresser à la manière dont nos voisins européens s’approprient le sujet. Si la Ville de Thionville a choisi de s’inscrire dans le réseau, c’est pour « bénéficier d’un cadre et peser dans le débat national », du moins concernant la place des Seniors dans les villes. « Nous avons ouvert le mouvement et d’autres municipalités y ont vu un intérêt », affirme Carol Thil. En effet, Terville, Florange mais aussi Saulny ont rejoint le dispositif.

« Il faut rapprocher le citoyen du politique. »

Carol Thil, élue à la démocratie participative à Thionville

La création d’une nouvelle instance participative est aussi dans les cartons. Pierre Cuny en a déjà fait mention à différentes reprises : il souhaite instaurer un cercle des frontaliers. Ici, il ne serait pas question de mobilité. « Nous sommes en train de réfléchir à la manière dont nous voulons le mettre en place. Nous ne voulons pas en faire un lieu de revendication mais d’enrichissement pour comprendre comment ils vivent ici et s’approprient la ville », confie l’adjointe à la démocratie participative. Pour elle, celle-ci passe aussi par une réflexion commune des projets avec les habitants. « L’aire de jeux de Garche a été requalifiée avec les citoyens. Les propositions sont venues d’eux et ce n’était pas gagné car au départ la démarche n’était pas comprise et personne n’osait prendre la parole », rembobine Carol Thil. « Aujourd’hui plus que jamais, on a besoin de proximité et d’écoute. Il faut rapprocher le citoyen du politique » poursuit-elle, convaincue par la nécessité de laisser tout le monde s’exprimer. Cela passe par différents canaux pour cibler les différentes générations. « Il faut des courroies de trasmission. Beaucoup existent mais sont parfois grippées », déclare-t-elle. Il faut aussi aller « au-devant des citoyens ».