Jeux olympiques : la malédiction de la nageuse mosellane Aurélie Muller

Disqualifiée en 2016, aux Jeux olympiques de Rio, alors qu’elle avait pris la médaille d’argent, Aurélie Muller n’aura jamais atteint son rêve ultime. Malgré une résilience de tous les instants, la nageuse en eau libre sarregueminoise restera maudite aux Jeux. Les images de sa détresse ont fait le tour de la planète. Titubante tel un pantin désarticulé, le visage ravagé par les larmes, Aurélie Muller quitte, ce 15 août 2016, la plage de Copacabana avec le soutien de Jacques Favre, le directeur technique national de la Fédération Française de Natation. Un peu plus loin, Philippe Lucas, son entraîneur, le sorcier qui a poli le diamant Laure Manaudou, répond, la mort dans l’âme, sans sa verve habituelle, aux sollicitations médiatiques. La nageuse sarregueminoise vient de se faire voler sa belle médaille d’argent, décrochée, à la rage, dans sa discipline de prédilection de l’eau libre, au bout d’un intense effort sur 10 kilomètres. Un marathon aquatique durant lequel il faut avancer dans la houle, éviter les coups de fringale, jouer des coudes pour se positionner et éviter de craquer. La Mosellane a devancé, à la bagarre, l’Italienne Rachele Bruni. Un peu trop selon le jury qui la disqualifie, au grand bonheur de la quatrième… la locale, la Brésilienne Poliana Okimoto. « En tant que championne du monde en titre, j’ai un statut à assumer. Je ne vais pas le cacher, je veux l’or et rien que l’or. Je serai déçue si je ne reviens pas avec le titre olympique. Je ne sais d’ailleurs pas comment je réagirai. Je me prépare pour ça depuis quatre ans », nous avait-elle confié avant le départ pour le Brésil.

Reine des Mondiaux, pas des JO

À 26 ans, Aurélie Muller ne le sait alors pas, mais elle n’aura plus jamais l’opportunité de prendre sa revanche et de briser la malédiction olympique qui semble coller à son maillot de bain. Vingt-et-unième des Jeux de Pékin en 2008 pour sa première année en eau libre, absente quatre ans plus tard à Londres à cause d’un abandon lors de la course décisive au Lac de Pierrelate, elle rate la qualification pour les Jeux de Tokyo d’une place en 2021, puis pour ceux de Paris, à la maison. Sa dernière quête. Son dernier rêve, brisé. Son histoire, contrariée et tourmentée avec les JO, tranche avec le reste de sa carrière. Aurélie Muller possède l’un des plus beaux palmarès de la natation française. Championne du monde juniors 2006 sur 1 500 m, à… Rio de Janeiro, elle compte trois titres mondiaux en eau libre : sur le 10 km de Kazan en 2015 et de Budapest en 2017 où elle s’impose également en relais. La petite financée de la Moselle compte également un titre européen (2016) et de nombreuses médailles. Seule la plus belle lui fait défaut. Regrets éternels.